jeudi 30 avril 2020

LA GALERIE DITE " ALLEMANDE "





La galerie dite « allemande »

Avez-vous entendu parler d’un souterrain sous la place Marcou ? Moi aussi, mais des souterrains dans la Cité, on en parle beaucoup donc je ne m’y accrochais pas, mais sans oublier le sujet.
Et un jour, je tombais sur deux dessins de Jacques Ourtal, réalisés en 1944.

[Ourtal est un peintre un peu oublié dans sa ville natale Carcassonne (1868-1962), toutefois Winston Churchill et John Kennedy étaient en possession des toiles de sa main].



Le premier dessin montre une entrée dans cette galerie qui se trouvait sous le pont traversant le fossé du château avec la note : « Entrée d’une Écoute dans les Fossés du Château », le deuxième une sortie dans les lices qui porte le commentaire suivant :




avec un ajout postérieur



« Cette ouverture de Trauquet à environ 40 mètres des tours Narbonnaises – elle a été comblée en 1945 – »




Et là j’ai vraiment commencé à chercher !


En fouillant dans les archives du Ministère de la Culture (base Mistral/Mémoire), j’ai trouvé la photo suivante, N° sap01_73n00061_p :





L’auteur de l’original est Henri Nodet fils, architecte en chef des monuments historiques (comme déjà son père avant lui) entre 1920 et 1956, c’est une base fiable. La recherche continua donc dans les Archives départementales de l’Aude.

Résultats :

Au printemps 1944 les Allemands investirent complètement la Cité. Les habitants sont évacués, les portes murées. Fin août 1944 ils quittent la place et les habitants reviennent.

[Un jour, Elia ( Cousteau) m’a raconté qu’elle était la première à revenir à la Cité, après signature auprès des autorités que ce retour était à ses risques et périls.]

En revenant dans la Cité les habitants découvrent alors l’existence de cette galerie, au moins la plupart d’entre eux ; j’y reviendrai …

Le tracé de la galerie (partie gauche du plan) commence bien dans les douves du château sous le pont entre la Barbacane et le château et continue vers une ouverture dans l’enceinte intérieure entre les tours Trauquet et st. Sernin avec une longueur de 130m environ ; il ne passe pas sous les maisons.

Il touche par contre la base du clocher de l’église st. Sernin.


Dans le massif de la fondation se trouve une salle du Moyen Âge d’environ 12 avec une voute en berceau (partie droite du plan) ; devant son mur méridional on voit dans un fossé le passage de la galerie (La photo est extraite du reportage RMC DECOUVERTE du 24 avril 2019, rediffusé le 08 avril 2020).




Entre la salle souterraine et la sortie dans les lices, la galerie était doublée sur 13m avec une distance de 4m environ.

La galerie se trouvait à un peu plus de 5m sous terre ; elle était haute de 1m80 et large de 1m20 environ (comme on peut vérifier sur le plan). Les Allemands avaient installé un boisage [Ensemble des étais en bois qui soutiennent la galerie] dans des règles de l’art qui, manque d’entretien, pourrissait au cours des années, entraînant des affaissements du sol de la place Marcou.


Dans les années 1953-1954, la galerie a été comblée par puits, comme on le voit sur le plan de Nodet (partie droite en haut).

[La date du plan original de Nodet est 1952, le problème a donc dû être connu bien avant 1953 puisqu’il montre le comblement, au moins planifié ; il y a peut-être erreur concernant la date du 13 avril 1953 dans le document des Archives départementales.]

Ouvertes restent par contre nos questions :
- Pourquoi les Allemands ont-ils creusé à cet endroit ? Pour abriter leurs munitions, comme on croit souvent, il y avait quand-même assez de caves souterraines mieux adaptées. Pour chercher des trésors ?
- Il semble bien qu’il y avait déjà des vestiges avant eux ; qui les y a dirigés ?

Mais, comme nous apprend Gilbert Barnabé, un autre enfant de la Cité : « Le convoi (des Allemands qui avait abandonné la Cité au soir du 24 août 1944) fut mitraillé par l’aviation allié sur la route qui longe la plage entre Agde et Sète. …Cette route garda très longtemps encore les traces zigzagantes des rafales de balles dans son bitume ».



Source : Document AD11 : 1046W17
Texte JP OPPINGER






lundi 27 avril 2020

La Cité de Carcassonne (Charles Trenet) par le Coll orchestra

Jérémy Montana - Carcassonne

Michel Sardou - Carcassonne

George Brassens - Carcassonne

Période de confinement à la Cité 17 mars 2020 11 mai 2020




C'est la première fois de mémoire d'homme que la Cité connait un tel silence, tout semble irréel. La Place Marcou qui, depuis les années 80 est occupée quotidiennement par des touristes venant déguster une boisson, un apéro, une limonade, un café ou bien prendre un repas à l'ombre des nombreux parasols est vide.
Serrés les uns contre les autres les fauteuils accueillaient les touristes, dans un espace restreint...



Dans la rue principale, la rue Cros Mayrevieille, les rideaux sont baissés, un silence lourd et pesant inquiétant même y règne.
Dans cette rue animée où il est parfois difficile de se créer un passage, les quelques habitants isolés et confinés ne sortent uniquement que pour s'alimenter.

photographies G.Blanc

Les parkings sont désespérément vides. Les caisses enregistreuses se sont tues et c'est dramatique  pour l'économie locale qui a tout misé sur le tourisme de masse.
L'ancien village qu'était la Cité a perdu son âme, hier, en période hivernale, lorsque les rues étaient désertes on sentait malgré tout la vie, une personne qui fermait les volets, un cri de gosse, une porte qui claquait, un chat qui s'enfuyait devant les aboiements d'un chien. Aujourd'hui c'est différent un  silence mortel a enveloppé la Cité.
Qu'adviendra-t-il demain de tous ces commerces et notamment les commerces de bouches où la moindre salle à manger était transformée en restaurant ???

Hier un slogan était répété et même chanté : "" Il ne faut pas mourir sans avoir vu Carcassonne"" Nous souhaitons aujourd'hui, après le confinement imposé, que cette invitation à venir à Carcassonne Bastide et Cité soit écoutée par de nombreux touristes.





Hier et aujourd'hui rue du Plô





La rue du Plô a bien changé depuis les années 50/60. Hier, cette rue ne possédait aucun commerce, aujourd'hui, cette rue ne possède aucune maison d'habitation. En effet la maison familiale de Joseph et Vincente Arino, dernière maison de la rue à ne pas avoir été transformée, arbore aujourd'hui deux magnifiques vitrines.



Photographie G.Blanc



lundi 13 avril 2020

Lundi de Pâques





Il est des traditions, comme le Lundi de Pâques, qui sont incontournables. Depuis des années, pour ne pas dire depuis toujours, le Lundi de Pâques est un moment de fête, pour la jeunesse, un moment de liberté, le printemps est là, qu'il fasse beau ou mauvais temps les excès sont permis puis vient le temps de la maturité, le temps des retrouvailles, du bonheur d'être ensemble, du partage, des souvenirs, vient alors le temps qui passe trop vite où des êtres qui nous sont chers nous quittent, absents à la tablée mais O combien présents.

Cette année 2020 restera à jamais gravée dans nos mémoires, c'est le temps du confinement, du repli sur soi, tous, à notre manière, faisons le Lundi de Pâques enfermés chez nous, heureusement qu'existe internet, les liens qui nous unissent ne sont pas totalement interrompus. Depuis plus d'un mois éloignés de nos enfants, de notre famille, de nos amis  nous espérons que le temps des retrouvailles est proche .......
Amicales pensées à vous tous et à bientôt.



samedi 11 avril 2020

La Porte d'Aude




( Archives Départementales)
En 1789  pour des raisons de sécurité il fut décrété que la Porte d'Aude serait fermée de jour comme de nuit excepté le Dimanche et les fêtes de 6h du matin à 5 heures du soir. Transmis aux Capitaines et Lieutenants des quartiers Cité, Trivalle et Barbacane
Voir délibération ci-dessous








Devant les contestations de plusieurs  habitants, la mesure fut assouplie. La porte d'Aude serait ouverte depuis le soleil levant jusqu'au coucher du soleil, mais sera fermée toute la nuit.


Cependant l'assouplissement de cette mesure s'accompagnait d'une autre mesure restrictive avec la création d'un mur entre les deux remparts de la Tour de l'Evêque.



Cette mesure fut-elle suivie d'effets? Dans mes recherches je n'ai pas trouvé dans différentes délibérations une quelconque construction d'un mur, mur qui, probablement n'a jamais vu le jour.
 Mais sait-on jamais ???




mercredi 8 avril 2020

Réunification de la Ville Basse et de la Ville Haute



Aux archives départementales  texte concernant la Cité et la ville Basse qui possédaient chacune une municipalité



Ville Haute et Ville Basse réunies: un seul maire et deux adjoints lettre du 23 Prairial An 8 ( 1er juin 1800)













jeudi 2 avril 2020

La peste noire



La période actuelle de confinement est très difficile à vivre pour tous. Nous, qui sommes habitués à vivre en société avec des parents, des amis, sommes coupés de toute activité sociale, isolés dans notre maison ou appartement avec des informations journalières anxiogènes que nous cherchons et trouvons sur nos petits écrans. 
Cependant nous vivons au 21ème siècle et nous savons que la médecine, sans être une science exacte, a fait d'énormes progrès depuis cette époque lointaine ou sévissait la peste. Dans une revue Toulousaine l' "Auta" avec comme devise "Que bufo un cop cado mès" j'ai trouvé un article fort intéressant sur la peste noire. Ci-joint un extrait.  











mercredi 1 avril 2020

L'enceinte Gallo Romaine de la Cité




L’enceinte gallo-romaine de la Cité
Au début de notre ère, sous le règne d’Auguste, petit-neveu et fils adoptif de Jules César, Carcassonne devint le chef-lieu de la nouvelle colonie « Julia Carcaso ». En réponse à la menace par la migration des Barbares, on décida à un moment de fortifier ce centre administratif. À la tête de la construction se trouve un « commandant des camps » (praefectus castrorum) avec le grade d’un général. Il était responsable de l’établissement du camp, particulièrement de l’évaluation des remparts et des fossés. Il fut secondé par un officier spécialisé dans le génie : le « praefectus fabrorum », le chef des artisans, qui avait sous sa coupe les maçons, les ingénieurs, les charpentiers ou encore les artificiers.
La grande majorité des soldats n’était pas spécialisé dans un métier quelconque ; ils ne devaient leur savoir-faire qu’à l’exercice et qu’à leur encadrement par les soldats-artisans mais ils excellaient dans la construction d’infrastructures liées à l’armée, comme nous pouvons encore le constater de nos jours (Le mur entre la tour du Moulin du Connétable et la tour de la Chapelle nous donne encore une bonne idée de l’architecture militaire romaine).
Et avant la construction de l’enceinte elle-même, d’importants remaniements furent exécutés sur le site actuel de la Cité. Le plateau incliné qui lui sert d’assise fut alors consolidé et élargi par des nivellements et des remblais qui pouvaient atteindre plusieurs mètres de hauteur.




Cette enceinte antique suivit en gros le tracé de l’enceinte intérieure actuelle. On croyait longtemps qu’elle coupait la pointe sud-ouest sur un léger arc allant de la tour de l’Évêque à la tour st. Nazaire, mais en 1935 on a découvert les vestiges d’une tour gallo-romaine dans les lices, au pied du Grand Burlas. Lors de la construction de l’enceinte extérieure au XIII° siècle, cette tour gênait la libre circulation dans les lices et les franchimands l’éliminaient en la faisant tomber par terre ou elle s’écrasait contre le Grand Burlas. De construction solide, elle restait presque intacte et on se bornait à la couvrir de terre, dégageant ainsi la voie.




Il y a encore la souche d’une autre tour romaine (après découverte vite réenfouit au ras le sol) à côté de la tour Cahuzac qui confirme que cette enceinte s’avançait dans ce secteur jusqu’au tracé du rempart extérieur actuel.




L’enceinte comportait un peu plus de 1200 mètres de remparts avec un certain nombre d’entrées et une trentaine de tours, situées à des intervalles plus ou moins réguliers. La hauteur du mur est de 7 m en moyenne, l’épaisseur de 3m20 Les fondations fort larges mais peu profondes (1 à 2 mètres) sont faites de 2 ou 3 assises de gros blocs de pierre, complétées d’une épaisse couche de mortier très dur.

Sur une base cubique, les tours se présentent sur un plan en forme de fer à cheval, semi-circulaires vers l’extérieur et plates vers l’intérieur (à part la tour Pinte). Cette forme offre une bonne résistance au bélier et autorise des angles de tirs multiples. Le premier niveau, le « fût », est construit en maçonnerie pleine jusqu’au chemin de ronde servant de contrefort à la muraille, d’où l’autre appellation « corps plein ».
Au-dessus suit le « corps creux » avec les salles de défense, séparées par des planchers. Au deuxième niveau, trois larges fenêtres en plein cintre permettaient le lancement du pilum (sorte de grand javelot) ou le maniement de la fronde.




Par contre on ne trouve pas de trace d’archères puisque l’arc ne rentrait pas encore dans la dotation de l’armée romaine. Pour les Romains de l’époque, l’archer ne faisait pas partie de ceux que l’on pourrait nommer les « guerriers honnêtes » ; le guerrier par excellence était personnifié par le légionnaire ; et comment cette valeur conceptuelle ne nous ferait pas penser à celle attribuée initialement à l’arbalète du Moyen Âge, arme indigne du combattant noble ?
La disposition du troisième niveau est incertaine suite aux multiples modifications réalisées dans la suite.
La hauteur primitive des tours était de 12 à 14m environ. L’épaisseur du mur va de 1 m à 0,50 m de pied en cap. L’efficacité des armes de jet étant limitée, l’espacement entre les tours comptait généralement moins de 30 mètres.

Ce rempart gallo-romain de Carcassonne possède des particularités qui sont intéressantes :
Presque toutes les enceintes romaines de la Gaule ne se composent généralement que d’un revêtement de pierre renfermant un blocage (en latin 0opus caementicium ; on construisait les deux parois du mur et on remplissait l’interstice de blocs de pierres gros ou menus jetés pêle-mêle dans un bain de mortier). À Carcassonne, la constitution d’un noyau interne a invariablement précédé l’élévation des plans de parois. Du temps de Joseph Poux, la muraille était encore largement écorchée à certains endroits (aujourd’hui rénovée) et c’est ainsi qu’il peut nous apprendre que « Ce noyau est composé de pierres et de mortier en couches alternatives ; il a été agrégé élément par élément, le maçon enfonçant chaque pierre dans la masse plastique et façonnant à la main le mélange pour réaliser un tout homogène ». Ailleurs, une telle procédure n’a pas été observée que dans le rempart de Senlis.

Une autre particularité concerne l’emploi des briques rouges dans la muraille :
Le briquetage ne pénètre jamais dans le massif de remplissage ; il s’agit donc seulement d’un accessoire du parement façonné uniquement pour conserver le niveau dans les assises de revêtement.
À part de rares assemblages, comme le bandeau d’opus spicatum (appareil en épis) de st. Sernin et les demi-lunes de la Marquière, nous trouvons des cordons de briques en haut des courtines, qui se prolongent et multiplient sur l’arrondi des tours mais c’est la position nettement asymétrique de la plupart des combinaisons frustes dans les murs qui nous surprend.





Conclusions :
La défense reposa alors sur deux principes :
- briser les assauts grâce à la solidité des murailles et des tours d’une part (passif) et
- infliger des pertes à l’ennemi grâce au tir vertical du sommet de celles-ci et depuis les tours d’autre part (actif).

Étant donné le vaste périmètre de l’enceinte gallo-romaine, env. 1200 m de circonférence, il est clair que la construction ait durée un certain temps. Son existence est attestée en 333. Les rares indices archéologiques existants laissent cependant supposer que certaines parties, au moins, sont antérieures au début du IV° siècle ; la fortification de la Cité a certainement été entreprise à une époque où la pression provoquée par la « migration des Barbares » n’était pas trop forte mais assez menaçante pour rechercher la stabilité des remparts par un exceptionnel noyau en maçonnerie et en renonçant à une richesse ornementale de briquetage comme on les trouve p.ex. dans l’enceinte du Mans, construite à la même époque (mais par contre avec un simple blocage intérieur).




Sources :
- POUX J. « La Cité de Carcassonne, Les origines », Privat 1922, p.144-166
- BRUAND Y. « Chronologie et tracé de l'enceinte "wisigothique" de la cité de C. » dans "Mémoires et documents publiés par la Société de l'École de Chartres DROZ 1982 "Mélanges d'archéologie et d'histoire médiévales en honneur du doyen Michel de Boüard" Droz 1982, pp 27-37
- MOT G.J. « L’enclos capitulaire de st. Nazaire de Carcassonne » dans Mémoires de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne, années 1947-1948 3° série tome VIII
Texte de JP Oppinger