samedi 19 juin 2021

Le siège de Carcassonne en 1240

 

LE SIÈGE DE CARCASSONNE EN 1240

Pour s’informer sur ce siège il n’y a que deux sources :

- le rapport du sénéchal Guillaume des Ormes à la reine Blanche et

- les notes de l’inquisiteur Guy de Puylaurens.

 

Lorsqu’en 1209 le vicomte Raimon Rogièr, fait prisonnier par une infâme traîtrise, meurt dans son cachot, il laisse un fils unique, âgé de deux ans, dont il a confié la garde à son ami et allié le comte de Foix. Cet enfant, Raimon II Trencavèl, devrait être le dernier vicomte de Béziers. Sa destinée s’annonçait sous de bien tristes auspices ; aussi, dès l'année 1211, on stipulait pour lui la cession de tous ses domaines à Simon de Montfort.

Par la suite, les choses changèrent un peu. Amaury, fils de Simon de Montfort, ne réussit pas à s’imposer après la mort de son père et la Reconquête Occitane prend son cours ; en 1220, le comte de Foix reprenait Béziers au nom de son pupille. Quatre ans plus tard, Amauri de Montfort ayant abandonné Carcassonne, qu'il ne pouvait défendre contre l'armée réunie des comtes de Toulouse et de Foix, cette ville fut rendue de même au jeune Trencavel qui regagne son palais de Carcassonne.

Mais le comte de Toulouse doit finalement faire sa paix avec le roi Louis IX et Raimon n’y fut pas compris. Comme beaucoup d’autres seigneurs occitans, il cherche refuge en Espagne où nous le retrouvons, en 1236, à la cour du roi d’Aragon, occupé sans doute à préparer sa dernière tentative pour recouvrer ses titres et ses domaines.

 

À cette époque intervient le premier effort général tenté contre le roi de France par son principal ennemi le roi d’Angleterre avec, comme alliés, les autres intéressés, les comtes de la Marche et de Toulouse, situation jugée favorable par Raimon pour arriver à ses fins. Dans le pays, l’orgueil et la tyrannie des Francimans victorieux ainsi que les épouvantables rigueurs de l’inquisition avaient provoqué le regret de la population pour ses anciens maîtres et les faidits avaient toujours conservé des intelligences dans le pays. Des forces fidèles à Trencavèl se concentraient à l’abri des repaires fortifiées de Montségur, Quéribus, Aguilar, Cucugnan, Peyrepertuse.

Raimon II, entouré de ses fidèles compagnons faydits de l’exil, commence sa progression avec ces troupes mi-août 1240 par Alet, Limoux et Montréal. Cependant il succombe à la tentation de la popularité et au lieu de foncer directement sur Carcassonne, il s’empare de Montolieu, se laisse fêter en libérateur à Pépieux, Azille, Laure, La Redorte, Rieux et Puichéric, il passe par Caunes, Minerve et Villemoustaussou. Les dernières étapes par Conques, Salsigne et Saissac l’emmènent, le 7 ou le 8 septembre, jusqu’à Grèzes. Et ce n’est que d’ici qu’il menace directement Carcassonne.

 

Son arrivé n’est donc plus un secret pour personne et le sénéchal avait assez de temps pour organiser la défense et d’emmagasiner des vivres en vue d’un siège ; par contre il lui manquait le bois de charpente pour l’installation des hourds, manque de temps ou oubli ?

Grand spécialiste dans le domaine de la poliorcétique, le sénéchal craint qu’il ne puisse pas bien tenir tête aux assaillants avec les forces limitées seules dont il dispose en ce moment. Raymond VII de Toulouse refuse de manière très courtoise de lui porter le secours que le Sénéchal avait sollicité, mais le messager qu’il a dépêché auprès de Louis IX l’informe à son retour qu’une armée sous le commandement de Jean de Beaumont viendrait en renfort. Dès lors, Guillaume des Ormes sait qu’il doit résister à tout prix derrière les murs de la Cité où se sont réfugiés l’archevêque de Narbonne et l’évêque de Toulouse ainsi quelques barons et clercs.

 

Toujours est-il que l’arrivé de Trencavèl devant la Ciutat dans cette nuit du 08 au 09 septembre est inattendue et le fait que les habitants des bourgs lui ouvrirent grand leurs portes a surpris tout le monde ; l’évêque de Toulouse était-il donc venu, le 07 septembre, exhorter cette population qui jurait, une fois de plus, de rester fidèle à l’Église et au roi.

 

Les assaillants commencent immédiatement les préparations pour le siège et l’encerclement de la Cité. Un détachement de leur force, sous la conduite de Pierre de Fenouillet, s’installe dans la zone entre le pont et la barbacane du château, bloquant tous les accès à l’eau, pendant qu’un autre, commandé par Olivièr de Tèrme, occupe la zone entre la corne sud-ouest de la Cité et l’Aude et commence à y installer un camp fortifié, coté d’Aquilon et d’Autan ils se retranchaient au bord des bourgs pour interdire les sorties des assiégés.

 

Les combats commencent le 17 septembre. Ce jour-là, le sénéchal fait, apparemment inattendu pour Trencavèl, une sortie dans le bourg Granolhete (Graveillant) et réussit à y faire une grande provision de bois de charpente. Pierre de Fenouillet contre-attaque et prend le moulin fortifié sur les bords de l’Aude. Ensuite il fait mettre en place un mangonneau, protégé par des fossés, palissades et pièges, et le sénéchal répond par l’installation d’une pierrière turque dans l’enceinte de la barbacane. Des vrais duels d’artillerie auront lieu, toutefois sans effet décisif (les engins de jet étaient capables de projeter des boulets de 50 à 80 kg à plus de 200 m avec une précision de quelques m).

 

Sceau d'Olivier de Terme

L’intrépide Olivièr de Tèrme, un vaillant guerrier dans la quarantaine, jadis l’un des plus puissants seigneurs de la vicomté de Carcassonne dont Trencavèl a fait son lieutenant, possède une grande expérience dans la technique des mines, acquise dans les croisades de Majorque et de Valence menées par le roi Jacques Ier d’Aragon contre les Sarrasins ; en plus, il dispose d’un personnel important spécialisé dans ce travail dangereux. Tout cela va influencer sur la conduite des opérations.

 

Trencavèl lance des assauts multiples contre les murs de la Cité. Parallèlement, des mines sont creusées à partir des maisons limitrophes, ce qui empêche une découverte prématurée des travaux. Les mineurs occitans creusent, d’après le rapport du sénéchal, sept mines contre les remparts (en comparaison : à Majorque où l’armée catalano-aragonaise était beaucoup plus nombreuse, il n’y en a eu que trois) et arrivent à ouvrir plusieurs brèches ; la plus importante mine était celle qui visait la barbacane de la porte de Razès au sud. Nous trouvons ici la guerre de mines, forme très spéciale de combat, à un degré qui ne sera plus atteint que pendant la guerre de Crimée ou la Grande Guerre.

La première mine est dirigée contre la Porte Narbonnaise. Les mineurs occitans arrivent à faire tomber la partie avant de la barbacane, mais les assiégés ont entendu le bruit des travaux et ont érigé un mur de pierres sèches dans la partie arrière et ainsi ils arrivent à repousser l’attaque. Une nouvelle mine vise une tourelle de l’enceinte extérieure (qui, en 1240, est encore un chantier protégé par des palissades) au front boréal. Les défenseurs exécutent des travaux de contre-minage et réussissent à tenir les assiégeants en échec. La prochaine mine est creusée contre un mur qui tombe sur « 2 créneaux », mais le sénéchal a déjà fait construire une solide palissade et empêche de cette façon la poursuite de l’attaque. Les attaquants insistent et creusent, toujours dans le secteur méridional, pas loin du palais de l’évêque, une nouvelle mine sous un mur de l’enceinte extérieure (que des Ormes qualifie comme « sarrasin »). Mais ici aussi, les défenseurs érigent une palissade dans les lices et commencent un contre-minage. Puisque la mine des attaquants leur détruit une partie du mur, ils construisent encore une palissade avec bretèche et les archers arrivent à tenir éloigné les attaquants.


Nouvel essai de minage, cette fois plus au sud à la hauteur de la Porte de Razès. Les hommes dans la Cité s’en rendent encore compte ; érigent une contre-palissade et entreprennent un contre-minage. Ils s’emparent de la mine des attaquants et les en chassent.

Malheureusement aussi les innombrables assauts à la surface furent tous repoussés, puisque le nombre des arbalètes derrière la protection des murs était suffisant pour rien céder au nombre des arbalètes occitanes qui avaient tellement impressionné le sénéchal qu’il les mentionnait dans son dans son rapport (Il s’agissait d’une arme nouvelle qui tuait à grande distance, environ 75m, faisant encore au-delà des nombreux blessés ; l’Église n’avait autorisé son emploi que contre les Musulmans).

Conscient de ses échecs successifs face à des Ormes et bien informé de l’approche de l’armée royale, Trencavèl décide de donner un assaut concentré à la barbacane du château le dimanche 30 septembre, mais c’est encore un échec. Pourtant le vicomte ne se décourage pas et, le samedi 6 octobre, il tente à nouveau un assaut de grande envergure. Mais aussi cette dernière attaque est repoussée avec des pertes sévères pour le camp de Trencavèl.

Le jeudi 11 octobre au soir Trencavèl lève le siège et se réfugie à Montréal, non sans avoir mis le feu aux faubourgs, poursuivi par l’armée du roi. Il fallait l’intervention des comtes de Toulouse et de Foix (sans oublier l’approche de l’hiver qui aurait posé quelques problèmes aux forces royales) pour qu’il puisse s’échapper et retrouver son exil catalan.

Et voilà le bilan de 25 jours de combat acharné pour Trencavèl :

- les 3 barbacanes démolies, le château Narbonnais en ruines,

- la tournelle commandant l’enceinte extérieure renversée,

- les lices sud-ouest envahies,

- les courtines de l’enceinte extérieure ébréchées en plusieurs endroits et sur le point d’être franchies.

La prise de Carcassonne était donc possible sur le plan tactique (sans l’intervention rapide de l’armée de secours du roi) mais le vicomte ne pouvait pas vraiment espérer de s’attaquer victorieusement à la Monarchie française avec ses ressources largement supérieures. Et lors du siège d’Avignon en 1226, le roi n’avait-il pas déjà prouvé sa détermination de s’assurer le contrôle du sud du royaume ? Maintenant il ne lui reste que de se soumettre au roi de France, abandonnant ses droits sur les vicomtés de Béziers et de Carcassonne.

Article de JP Oppinger.

Bibliographie :

- Poux J. La Cité de Carcassonne, Histoire et description, L’épanouissement t I, pp 106-116, Privat 1931

- Doüet d'Arcq L. Siège de Carcassonne. 1240. In : Bibliothèque de l'école des chartes. 1846, tome 7. pp. 363-379.

- Blanc, J. et alii : La Cité de Carcassonne, des pierres et des hommes, pp.60-63, Grancher 1999


mercredi 9 juin 2021

Les 70 ans de Roger

 


Nous avons fêté l'anniversaire de Roger dit Chanchou dans son ancienne maison familiale transformée par son fils Sébastien en restaurant bar tapas. 

Pandémie oblige, c'est sur la terrasse que s'est déroulée cette agréable journée. Faut dire que Sébastien avait préparé cet anniversaire de façon magistrale, journée animée par Maïté toujours aussi dynamique. 


Tous ses amis citadins étaient là ainsi que ses copains de la ville basse.




Il y eut quelques instants d'émotions lorsque parents et amis félicitèrent le nouveau septuagénaire, la petite larme versée par Chanchou


Le rébus qui a permis à Roger de découvrir la destination de son voyage offert par tous.



Et comme toujours à la Cité tout se termine par des chansons. Jean entonna quelques airs du floklore occitan apprécié de tous.
Evidemment il fut question de bon vieux temps, de la vie d'autrefois, de Joseph et de Vincente, du tour de l'âne, des fêtes citadines et de tous ces souvenirs gravés à jamais dans notre mémoire comme le départ à 5 heures du matin après une soirée d'orage pour aller chercher dans la garrigue proche ces escargots dont nous raffolions préparés avec une aïoli maison.
Nadine avait apporté des articles de presse, des photographies de cette période
 que je mettrai dans quelques temps sur ce blog.
Une magnifique journée.