Article écrit par JP Oppinger collaborateur du blog Los Ciutadins.
EN 333, CARCASSONNE EST DEJA ENTOUREE
D’UN REMPART !
Ce que nous avons
tous appris à l’école, mais comment le sait-on ?
Un pèlerin bordelais, dont le
nom ne nous est pas parvenu, a rédigé un document qui décrit son chemin de
Bordeaux à Jérusalem dans l’année 333. Il s'agît de la première description
connue d'un voyage en Terre-Sainte par un pèlerin chrétien. L'Anonyme de
Bordeaux, comme on l’appelle, mentionne toutes les stations rencontrées sur
la route, les haltes, les distances et un certain nombre d'informations
anecdotiques, qui font de cet itinéraire le premier guide touristique connu.
Ainsi, le texte latin se présente comme une liste de localités et de distances.
Ce texte présente un intérêt
énorme puisqu'il livre un grand nombre de toponymes, parfois référencés nulle
part ailleurs ou sous des formes inédites.
ITINERARIUM BURDIGALENSE
ou
ITINERARIUM HIEROSOLYMITANUM
en
français
L’ITINERAIRE DE BORDEAUX A JERUSALEM
Voici l’extrait de sa liste qui concerne
Carcassonne :
…
[548] ANNO DOMINI CCCXXXIII
[En l'an du seigneur 333]
[549] ANONYMI ITINERARIVM A BVRDIGALA HIERVSALEM VSQVE, ET AB HERACLEA
PER
AVLONAM, ET PER VRBEM ROMAM MEDIOLANVM, SIC :
CIVITAS
BVRDIGALA, VBI EST FLVVIVS GARONNA, PER QVEM FACIT MARE OCEANVM ACCESSA ET
RECESSA PER LEVGAS PLVS MINVS CENTVM.
Un
itinéraire anonyme de Burdigala (Bordeaux) à Hierusalem (Jérusalem) et de
Heraclea (Eregli) par Aulon (Valona) et par la ville de Roma (Rome) à
Mediolanum (Milan). Comme suit:
La ville
de Burdigala (Bordeaux), où est le fleuve Garonna (Garonne) dans lequel les
flux et reflux de l'océan (marées) se font sur plus ou moins cent lieues]
…
Mutatio
Cedros (Caux-et-Sauzens) milia VI
Mutatio
Tricensimum (Cremadeills, Floure) milia VIII
Civitas
Narbone (Narbonne) milia XV
…
Légende :
Civitas :
la ville principale d’un territoire ou d’une communauté.
leuga : lieue, mesure itinéraire des
Gaulois correspondant à environ 2450 mètres *
Mansio : gîte d’étape pour garantir aux
voyageurs un service confortable
dans un établissement destiné
au repos. On trouvait une mansio toutes
les trois mutationes. Elles
étaient distantes entre elles d'environ 30 à 50 km. Tenu par
le caupo,
c'est un lieu d'étape bien équipé et permettant d'y passer la nuit. On y
trouvait une auberge pour le repas, un service d'écuries pour le repos des
montures, un maréchal-ferrant, un vétérinaire, voire un charron chargé de
l'entretien des véhicules.
milia : un mille, correspondant à 1479 mètres
soit 1000 double pas *
détente et le changement
éventuel de monture. Elle était située très généralement auprès d'un cours
d'eau.
Vicus : implantation qui n'avait pas
le statut de ville, bourg ou petite ville de province
* Les distances entre lieux consécutifs sont
données en
lieues gauloises jusqu'à Toulouse puis
en milles romains.
CARCASSONNE, comme
on voit, y est désigné comme CASTELLUM .
Dans l’Empire Romain un castellum n’est pas une Civitas, une ville
principale (comme p.ex. Narbonne) mais plus important qu’un simple vicus (comme
p.ex. Bram), c’est précisément une IMPLANTATION FORTIFIEE.
C Q F D
Ou comme notre Bordelais aurait dit :
QUOD ERAT DEMONSTRANDUM
Voici Carcassonne sur la table de PEUTINGER
(copie du XIIIe siècle
d'une ancienne carte romaine où figurent les routes et les villes principales
de l'Empire romain)
Deux
remarques :
L'ensemble des fiches relatives à l'itinéraire
de Bordeaux à Jérusalem a été réalisé à partir des énormes ouvrages de synthèse
publiés respectivement en 1845 et en 1848 par le marquis A.-J.-F. Fortia
d'Urban et M.-E. Pinder & G. Parthey. L'ensemble des identifications
proposées par ces deux ouvrages a été réévalué, modernisé et profondément
corrigé.
L’exactitude des mesures données dans cet itinéraire prouve qu’il n’a
probablement pas été fait par un particulier, mais qu’il a été extrait de ces
recueils d’itinéraires dressés par les ordres des empereurs, d’après les
arpentages très exacts, exécutés dans tout l’empire pour l’usage des fonctionnaires
publics et pour la marche des troupes. À l’énoncé un peu sec des étapes,
l’auteur ajoute une description minutieuse des lieux saints et quelques
remarques sur les routes qu’il a extraites des itinéraires impériaux.
Sources :
- http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/itineraire-de-bordeaux-a-jerusalem-6866.htm#top
- http://www.villemagne.net/site_fr/jerusalem-l-anonyme-de-bordeaux.ph
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