III. LES ARMES DE SIEGE OFFENSIVES
LA BALISTE - L’HÉRITAGE DE LA LÉGION ROMAINE
Les armées romaines avaient
développé des engins principalement, mais non exclusivement*, destinés à la
guerre de siège. Certains ont perduré pendant le Moyen Âge, mais leur
conception à base de tension et de torsion les rendait fragiles aux aléas
climatiques, de sorte qu’ils n’ont été principalement utilisés que sur les
théâtres d’opérations méridionaux et orientaux.
LA BALISTE a
connu différentes versions permettant de lancer de lourdes flèches, des
projectiles sphériques ou des quartiers de roche, chacune d’elles baptisées
d’un nom particulier : catapulte, onagre, scorpion, …
Son fonctionnement est basé sur une combinaison de ressorts à torsion et de ressorts à tension (arc) agissant sur un fléau (verge). La course du fléau, bloquée brutalement en position verticale par une traverse, accroît la force de propulsion. Le tir est réglé par des amortisseurs de peaux ou de fourrures placés contre la face interne de la traverse. Plus le fléau atteint la verticale, plus le tir est tendu. La baliste, sauf dans sa version arbalète à tour, est définitivement supplantée au XIII° siècle par les engins à balancier.
* La légion romaine utilisait son
artillerie en défensive comme en offensive, y compris sur les champs de bataille.
LES ENGINS À BALANCIER
Sous l’influence des Sarrazins
lors de la ‘’Reconquista’’ en Espagne, puis lors des Croisades, l’artillerie
médiévale se développe à partir de systèmes à balancier, rustiques mais
puissants, autorisant le tir plongeant, par-dessus les murailles, tout autant
que le tir tendu pour les abattre. Ils combinent effet de levier et effet de
fronde.
Le levier est un fléau de bois
(verge) qui, redressé brutalement sous une traction humaine et/ou l’effet d’un
lourd contrepoids, entraîne dans sa rotation le projectile placé dans une
fronde. Le fléau se termine par un système d’étriers articulés qui libère
automatiquement les brides antérieures de la fronde lorsque la charge est
positionnée dans le prolongement de la verge sous l’effet de la force
centrifuge (dans l’axe du rayon de rotation).
III.I - LE MANGONNEAU
Le réglage du tir s’effectue
par la traction plus ou moins vigoureuse des servants sur le contrepoids. Une
traction forte augmente la force centrifuge appliquée au projectile et entraine
l’ouverture plus rapide de la fronde. Le projectile s'élève plus haut pour une portée
moins grande. Le projectile tombe à l’intérieur des murailles.
Le tir plus tendu et de portée
maximale permet de battre la muraille. Le groupement des tirs par un ou
plusieurs engins sur un même point peut provoquer l’écroulement de celle-ci.
Dimension au sol |
4,4 x 4,5 m |
Hauteur |
8,4 m |
Poids total |
< 10 tonnes |
Portée |
160 m |
Projectiles |
jusqu’à 100 kg |
Cadence de tir |
2 tir/h |
Servants |
12 + artisans |
Pour remédier à ce défaut, les « ensgeniors »
de l'époque ont articulé le contrepoids, appelé aussi huche, qui peut
contenir jusqu'à 10 tonnes de terre ou de pierres :
III.II - LE
TRÉBUCHET
Il est la première pièce à contrepoids articulé, apparu au
XII° siècle.
L’emploi d’une huche articulée le rend beaucoup plus précis et stable que les autres engins. Il ne disparaitra qu’au cours du XVI° siècle, longtemps après l’apparition des bouches à feu. Deux ressorts (arcs de bois) bandés par le treuil arrière soulagent l’effort des servants
Dimension
au sol |
9,9
x 4,5 m |
Hauteur |
16.5
m |
Poids
total |
15
à 20 tonnes |
Portée |
220
m |
Projectiles |
80
à 140 kg |
Cadence
de tir |
1
à 2 tir/h |
Servants |
60
(art.inclus) |
pour
abaisser la verge avec le treuil avant. La portée et la trajectoire du
projectile sont déterminées par la longueur des brides de la fronde et la
longueur du sous tendeur, corde double reliant la fronde à la verge destinée à
ouvrir la fronde lorsqu‘elle est tendue (anticipant le passage de la fronde
dans le prolongement de la verge).
III.III - LE COUILLARD, nommé aussi biffa,
apparait au XIV° siècle.
C’est une variante plus petite et plus compacte du trébuchet dont le contrepoids est constitué de deux huches articulées, d’où son nom. Les huches articulées facilitent le
service de l’arme et permettent d’augmenter la cadence de
tir.
2,50 x 5m
Hauteur
8,40 m
Poids total
< 3 tonnes
Portée |
180 m |
Projectiles |
30 à 80 kg |
Cadence de tir |
10 tir/h |
Servants |
4 à 8 |
1)
Ces engins, en particulier le
mangonneau et le trébuchet, exigeaient des délais importants de construction et
de préparation des plateformes de tir.
Une
fois les pièces en batterie, il était difficile de les réorienter et surtout de
changer de position. L’installation, comme le tir, étaient l’affaire de
spécialistes, ingénieurs et artisans, car les contraintes imposées aux engins
pouvaient conduire à de graves accidents en cas de fausse manœuvre (ébranlement
et rupture des assemblages, chute accidentelle du projectile).
L’efficacité
de l’artillerie mécanique assure généralement le succès des sièges, de sorte
que la chevalerie perd progressivement sa prééminence au profit des
spécialistes.
2)
Ces machines sont utilisées
jusqu'au XVI° siècle alors que l'artillerie à poudre a fait son apparition au
siège de La Réole au début de la guerre de Cent Ans entre Anglais et Français
en 1324.
Mais si les balistes
continuent d'avoir les faveurs des chefs de guerre pendant encore deux siècles,
c'est que la mauvaise maîtrise de la poudre rend la précision et la cadence
très aléatoires. Des résidus de poudre incandescents restent dans le tube,
demandant une attente d'une heure entre chaque chargement. De plus, la poudre
est très chère.
III.IV - LE BÉLIER COUVERT
Le
bélier consistait en une longue poutre armée d'une tête de fer à son extrémité
antérieure, suspendue en équilibre horizontalement à des câbles ou des chaînes,
et mue par des hommes au moyen de cordes fixées à sa queue. En imprimant un
mouvement de va et vient à cette pièce de bois, on frappait les parements des
murs, que l'on parvenait ainsi à disloquer et à faire crouler.
Les hommes étaient abrités sous
un toit. L'engin était posé sur des roues.
Les assiégés cherchaient à briser
le bélier au moyen de poutres qu'on laissait tomber sur sa tête au moment où il
frappait la muraille ; ou bien ils saisissaient cette tête à l'aide d'une
double mâchoire en fer qu'on appelait loup ou louve.
III.V - LE BEFFROI
Les beffrois étaient souvent façonnés avec des bois verts, coupés dans les forêts
voisines des lieux assiégés, ce qui rendait leur destruction par le feu
beaucoup plus difficile.
Posé sur 4 roues et mus au moyen de cabestans montés dans l’intérieur même de
l'engin, ces lourdes machines avançaient à l'aide de câbles, d'ancres ou de
piquets.
Le fossé au pied des remparts étaient comblés en laissant une légère pente pour
entrainer le beffroi qui s'appuiera sur la muraille. On ouvre le pont et voilà
les assiégeants entrent dans la ville.
III.VI - LE TRÉPAN
Pièce de bois ronde munie d’une pointe métallique, qu’on enfonce
entre les pierres en la tournant soit à l’aide de leviers ou à l’aide d’un
archet pour déceler les pierres de parement
Article de JP Oppinger
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