mercredi 10 novembre 2021

Les armes de siège offensives

 


III. LES ARMES DE SIEGE OFFENSIVES

LA BALISTE - L’HÉRITAGE DE LA LÉGION ROMAINE

Les armées romaines avaient développé des engins principalement, mais non exclusivement*, destinés à la guerre de siège. Certains ont perduré pendant le Moyen Âge, mais leur conception à base de tension et de torsion les rendait fragiles aux aléas climatiques, de sorte qu’ils n’ont été principalement utilisés que sur les théâtres d’opérations méridionaux et orientaux.

LA BALISTE a connu différentes versions permettant de lancer de lourdes flèches, des projectiles sphériques ou des quartiers de roche, chacune d’elles baptisées d’un nom particulier : catapulte, onagre, scorpion, …




Son fonctionnement est basé sur une combinaison de ressorts à torsion et de ressorts à tension (arc) agissant sur un fléau (verge). La course du fléau, bloquée brutalement en position verticale par une traverse, accroît la force de propulsion. Le tir est réglé par des amortisseurs de peaux ou de fourrures placés contre la face interne de la traverse. Plus le fléau atteint la verticale, plus le tir est tendu. La baliste, sauf dans sa version arbalète à tour, est définitivement supplantée au XIII° siècle par les engins à balancier.

* La légion romaine utilisait son artillerie en défensive comme en offensive, y compris sur les champs de bataille.


LES ENGINS À BALANCIER

 



Sous l’influence des Sarrazins lors de la ‘’Reconquista’’ en Espagne, puis lors des Croisades, l’artillerie médiévale se développe à partir de systèmes à balancier, rustiques mais puissants, autorisant le tir plongeant, par-dessus les murailles, tout autant que le tir tendu pour les abattre. Ils combinent effet de levier et effet de fronde.

Le levier est un fléau de bois (verge) qui, redressé brutalement sous une traction humaine et/ou l’effet d’un lourd contrepoids, entraîne dans sa rotation le projectile placé dans une fronde. Le fléau se termine par un système d’étriers articulés qui libère automatiquement les brides antérieures de la fronde lorsque la charge est positionnée dans le prolongement de la verge sous l’effet de la force centrifuge (dans l’axe du rayon de rotation).


 LES ENGINS A CONTREPOIS

III.I - LE MANGONNEAU

Il est apparu dans la première partie du XII° siècle. C’est une pièce qui combine contrepoids (huche fixe à l’extrémité de la verge) et traction humaine. Il disparait au XV° 




Le réglage du tir s’effectue par la traction plus ou moins vigoureuse des servants sur le contrepoids. Une traction forte augmente la force centrifuge appliquée au projectile et entraine l’ouverture plus rapide de la fronde. Le projectile s'élève plus haut pour une portée moins grande. Le projectile tombe à l’intérieur des murailles.

Une traction faible ou l’absence de traction entraine l’ouverture plus tardive de la fronde. 

Le tir plus tendu et de portée maximale permet de battre la muraille. Le groupement des tirs par un ou plusieurs engins sur un même point peut provoquer l’écroulement de celle-ci.


Dimension au sol

4,4 x 4,5 m

Hauteur

8,4 m

Poids total

< 10 tonnes

Portée

160 m

Projectiles

jusqu’à 100 kg

Cadence de tir

2 tir/h

Servants

12 + artisans

Le contrepoids fixe, dans le prolongement du mât, passe de l'horizontale à la verticale avec un déplacement irrégulier et brusque de la charge et la masse de terre ou de pierre contenue dans la huche du contrepoids finit toujours par se déplacer
provoquant des à-coups et des vibrations, ce qui influe défavorablement sur la précision du tir.

Pour remédier à ce défaut, les « ensgeniors » de l'époque ont articulé le contrepoids, appelé aussi huche, qui peut contenir jusqu'à 10 tonnes de terre ou de pierres :

III.II - LE TRÉBUCHET

Il est la première pièce à contrepoids articulé, apparu au XII° siècle.


L’emploi d’une huche articulée le rend beaucoup plus précis et stable que les autres engins. Il ne disparaitra qu’au cours du XVI° siècle, longtemps après l’apparition des bouches à feu. Deux ressorts (arcs de bois) bandés par le treuil arrière soulagent l’effort des servants

Dimension au sol

9,9 x 4,5 m

Hauteur

16.5 m

Poids total

15 à 20 tonnes

Portée

220 m

Projectiles

80 à 140 kg

Cadence de tir

1 à 2 tir/h

Servants

60 (art.inclus)

pour abaisser la verge avec le treuil avant. La portée et la trajectoire du projectile sont déterminées par la longueur des brides de la fronde et la longueur du sous tendeur, corde double reliant la fronde à la verge destinée à ouvrir la fronde lorsqu‘elle est tendue (anticipant le passage de la fronde dans le prolongement de la verge).

 

III.III - LE COUILLARD, nommé aussi biffa, apparait au XIV° siècle.


C’est une variante plus petite et plus compacte du trébuchet dont le contrepoids est constitué de deux huches articulées, d’où son nom. Les huches articulées facilitent le 


service de l’arme et permettent d’augmenter la cadence de tir.

 Dimension au sol

2,50 x 5m

Hauteur

8,40 m

Poids total

< 3 tonnes


Portée

180 m

Projectiles

30 à 80 kg

Cadence de tir

10 tir/h

Servants

4 à 8

 

 

 

  Source : Microsoft Word - Fiche Art Moyen Age.doc (musee-du-genie-angers.fr)

 

 OBSERVATIONS :

1)      Ces engins, en particulier le mangonneau et le trébuchet, exigeaient des délais importants de construction et de préparation des plateformes de tir.

Une fois les pièces en batterie, il était difficile de les réorienter et surtout de changer de position. L’installation, comme le tir, étaient l’affaire de spécialistes, ingénieurs et artisans, car les contraintes imposées aux engins pouvaient conduire à de graves accidents en cas de fausse manœuvre (ébranlement et rupture des assemblages, chute accidentelle du projectile).

L’efficacité de l’artillerie mécanique assure généralement le succès des sièges, de sorte que la chevalerie perd progressivement sa prééminence au profit des spécialistes.

2)      Ces machines sont utilisées jusqu'au XVI° siècle alors que l'artillerie à poudre a fait son apparition au siège de La Réole au début de la guerre de Cent Ans entre Anglais et Français en 1324.

Mais si les balistes continuent d'avoir les faveurs des chefs de guerre pendant encore deux siècles, c'est que la mauvaise maîtrise de la poudre rend la précision et la cadence très aléatoires. Des résidus de poudre incandescents restent dans le tube, demandant une attente d'une heure entre chaque chargement. De plus, la poudre est très chère.


III.IV - LE BÉLIER COUVERT




Le bélier consistait en une longue poutre armée d'une tête de fer à son extrémité antérieure, suspendue en équilibre horizontalement à des câbles ou des chaînes, et mue par des hommes au moyen de cordes fixées à sa queue. En imprimant un mouvement de va et vient à cette pièce de bois, on frappait les parements des murs, que l'on parvenait ainsi à disloquer et à faire crouler.

Les hommes étaient abrités sous un toit. L'engin était posé sur des roues.

Les assiégés cherchaient à briser le bélier au moyen de poutres qu'on laissait tomber sur sa tête au moment où il frappait la muraille ; ou bien ils saisissaient cette tête à l'aide d'une double mâchoire en fer qu'on appelait loup ou louve.


III.V - LE BEFFROI




Les beffrois étaient souvent façonnés avec des bois verts, coupés dans les forêts voisines des lieux assiégés, ce qui rendait leur destruction par le feu beaucoup plus difficile.
Posé sur 4 roues et mus au moyen de cabestans montés dans l’intérieur même de l'engin, ces lourdes machines avançaient à l'aide de câbles, d'ancres ou de piquets.
Le fossé au pied des remparts étaient comblés en laissant une légère pente pour entrainer le beffroi qui s'appuiera sur la muraille. On ouvre le pont et voilà les assiégeants entrent dans la ville. 

III.VI - LE TRÉPAN

Pièce de bois ronde munie d’une pointe métallique, qu’on enfonce entre les pierres en la tournant soit à l’aide de leviers ou à l’aide d’un archet pour déceler les pierres de parement


Article de JP Oppinger







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