samedi 31 décembre 2016
samedi 24 décembre 2016
dimanche 18 décembre 2016
samedi 17 décembre 2016
la guerre 23 juillet 1944
LE SOIR DU DIMANCHE 23 JUILLET
1944 A RIBAUTE
( Témoignage
)
______________________
La journée avait été belle et chaude.
La nuit était tombée. Une nuit bien noire, sans lune, sans éclairage public
pour cause de black out. Après avoir écouté les informations diffusées en
français sur Radio Londres, « Les français parlent aux français »,
je m’apprêtais à me rendre à l’ancienne gare du tramway, un petit bâtiment où
la jeunesse ribautoise se retrouvait le dimanche au soir pour danser sur la
musique d’un vieux pick up et où mon frère marié un mois plus tôt m’avait
précédé avec son épouse. Mon père, qui se couchait tôt, sortit de la maison et
fit quelques pas avec moi vers la route où il avait l’habitude d’aller
ausculter le ciel pour se faire une opinion sur les probabilités
météorologiques du lendemain.
Notre maison était celle qui se situe
au n° 12 de la Rue Marcellin Albert ; nous avions donc à gravir les deux
courtes rampes qui nous séparaient de la route. En arrivant à hauteur de
l’impasse aujourd’hui baptisé François
Mitterand, une ombre a surgi de la pénombre, nous avons reconnu à la voix notre
voisine Emma, dont la maison se situait au n° 1 de l’impasse. Elle nous dit que
plusieurs camions venaient d’entrer dans le village et qu’ils étaient
stationnés sur la route, moteurs et feux éteints.
« Je crois que ce sont des allemands »,
dit-elle. La nuit était si sombre qu’on ne voyait pas les véhicules qui
n’étaient pourtant qu’à une vingtaine de mètres, mais on entendait des éclats
de voix à l’accent germanique. Et puis, la voix inquiète de madame Marguerite Rouger, épouse de
l’instituteur, qui cherchait son fils : « Vous n’avez pas vu
Max ? ». A qui s’adressait-elle dans la nuit noire, sur la route où
s’était arrêté le convoi ?
Soudain, une forte détonation et, avec
le sifflement caractéristique des fusées, précisément une fusée éclairante
s’élève, une sorte de serpent éblouissant éclairant pendant quelques instants
d’une lumière crue les murs des maisons et les camions à l’arrêt sur la route.
Mon père, à qui cette chose rappelait sans doute de sombres souvenirs, me
saisit par le bras et nous redescendons précipitamment jusqu’à notre maison
tandis que l’on entend le crépitement d’une mitrailleuse du côté de la gare.
La porte refermée à clef, avec mon
père, ma mère et ma grand’mère maternelle nous allons vivre dans l’angoisse des
heures interminables. Combien de temps les tirs ont-ils duré ? Dix minutes,
peut- être davantage, avec de courtes interruptions. Enfin, après un moment de
silence, une dernière et brève rafale.
Deux
heures après ou peut-être davantage on frappe à la porte ; mon
frère et sa femme entrent. Leurs visages reflètent la peur qu’ils ont connue,
leurs habits déchirés témoignent d’une fuite précipitée à travers des
broussailles et par des endroits ravinés.
Un silence lourd règne maintenant dans
Ribaute. Les chiens qui aboyaient se sont tus.
Au petit matin la stupeur se lit sur
les visages de celles et ceux qui se retrouvent dans la rue et sur la place
pour parler de ce terrible événement.
On apprend qu’il y a eu deux tués,
deux ou trois blessés légers et un enlèvement. Louis Beaudouvy, 23 ans, père d’une
enfant de trois mois, a reçu une balle explosive en plein cœur. Un nommé
Bringuier, homme d’une trentaine d’années qui habitait à Camplong et le jeune
Francis Gélis, 16 ans, étaient embarqués de force sur un camion. Bringuier a
tenté de s’échapper, on l’a retrouvé mort, criblé de balles, dans la partie
haute de la rue de l’Abeille. Francis a
été emmené à Carcassonne, obligé, au besoin à coups de crosse, de se tenir
accroupi et les mains sur la tête tout au long du voyage. Ses parents
réussiront à le faire libérer le lendemain.
Ce dimanche-là, la colonne des
militaires allemands était montée à l’assaut d’un groupe de maquisards situé
sur le territoire de la commune de Lairière, au bord du plateau de Lacamp. Il y
avait eu des tués des deux côtés;
les allemands ramenaient leurs morts dans leurs camions. A Durfort, où ils se
sont arrêtés, ils ont trouvé du vin dans une cave, ils ont bu tout ce qu’ils
ont pu engloutir et sont repartis non sans avoir mis le feu à la seule maison
habitable de Durfort, inoccupée ce jour-là.
A Ribaute le mitraillage avait copieusement arrosé
l’espace de l’ancienne gare. La porte en tôle épaisse du petit bâtiment a été transpercée à plusieurs endroits par les
balles. On a relevé des dégradations de la façade. La maison
d’habitation de Mr Henri Maury, alors maire, a reçu de nombreux impacts. Pour
se protéger des tirs, M. Maury et son gendre, avaient plaqué des matelas contre
les fenêtres. Nous apprendrons le lendemain que le
village de Moux a connu un sort comparable puisque deux jeunes hommes qui
rentraient tranquillement chez eux ont été tués au fusil mitrailleur manié
depuis l’un des camions qui ne se sont
pas arrêtés.
Robert Anguille
(mai 2014)
vendredi 16 décembre 2016
mardi 6 décembre 2016
Les sept archers de St Gimer
Article de Pierre Sire
La légende des sept archers de St Gimer est encore un
témoignage de la croyance superstitieuse aux méfaits du diable et à sa présence
dans ces lieux préférés que sont les carrefours, les ponts, les gouffres, les
puits, etc.
Les habitants de la
Cité de Carcassonne ont toujours cru que le grand puits de son enceinte était
habité par le diable et que des vociférations et des blasphèmes étaient
entendus durant certaines nuits de l'année, par ceux qui s'étaient trouvés aux
alentours.
L'histoire de la Cité nous apprend, du reste, que ce puits a
toujours hanté l'imagination populaire de ses habitants, par suite, sans doute,
de la croyance commune que le riche trésor des Wisigoths y était enfoui En
venant faire le siège et la conquête de la Cité, les Goths avaient apporté le
trésor prodigieux provenant du pillage du temple et du palais de Salomon.
Vaincus à Vouillé par Clovis et contraints à fuir, ils jetèrent ce trésor dans
le puits de la Cité, espérant l'y retrouver plus tard. Rien donc d'étonnant que
la pensée de ce trésor fabuleux ne soit devenue pour les habitants de la Cité
de Carcassonne, le sujet de légendes de toutes sortes, dont celle des sept
archers de St Gimer reste un type particulier et suggestif.
Dans sa littérature
populaire et traditions légendaires de l'Aude (1), Gaston Jourdanne nous la
raconte à peu près en ces termes.
Sept archers de la Cité de Carcassonne avaient dans une
libre conversation médit des Apôtres et de St Gimer évêque de la ville. Un
certain jour revenant de corvée, ces mêmes archers aperçoivent un âne abandonné
et broutant l'herbe sur le bord du chemin. Deux d'entr'eux le saisissent et
sautent sur son dos aux applaudissements de leurs compagnons. Bientôt un
troisième puis un quatrième enfourchent l'animal paisible, dont le dos semble
s'allonger à mesure qu'augmente le nombre des cavaliers. Si bien que les sept
archers perchés maintenant sur l'âne fantastique s'y trouvent à merveille, et
vont leur chemin plein de rires et de bruyantes plaisanteries. Mais pendant
qu'ils avancent, la riche housse dont l'âne errant était recouvert se change,
comme par enchantement, en un drap mortuaire, tandis que l'allure d'abord
paisible de l'animal devient un galop vertigineux. Arrivé en face du cimetière,
l'âne s'arrête brusquement comme pour contraindre les archers effrayés et
raidis sur son dos, à entendre un moment les chants et les psalmodies funèbres
qui semblent sortir de chaque tombe.
Mais l'arrêt n'est que momentané, l'âne comme aiguillonné
par une force invisible, reprend sa course effrénée vers la place du grand
puits de la Cité. Et là, sans donner aux archers le temps de mettre pied à
terre, il se précipite dans le gouffre béant en un saut infernal, entraînant
avec lui les cavaliers qui avaient médit des Apôtres et de St Gimer et
plaisanté imprudemment du diable et de sa puissance. Jamais plus ajoute la
légende, nul n'a revu les sept archers de la Cité. Mais par les nuits d'orage
et de tempête et quand l'horloge de la cathédrale St Nazaire sonne les douze
coups de minuit, on entend sortir du fonds de l'antre diabolique tout illuminé des
reflets d'éclairs effrayants, des imprécations mêlées de râles et de
gémissements. (1).
(1) Littérature populaire et traditions légendaires de
l'Aude. G. Jourdanne.
vendredi 2 décembre 2016
Ecole des Garçons Cité année 1958.1959
Photographie Institut Jean Vigo
La cour de l'école des garçons était arborée et entourée de hauts murs ( au centre sur la photographie)
cette partie visible de l'école est occupée actuellement par le musée de l'école hier c'était la cour de récréation des classes de CP et CE1, nommées autrefois classe de 5ème et classe de 4ème.
Face à la rue Trencavel (angle droit de la photographie) deux bâtiments, une grande cheminée qui étaient la laverie de l'hôtel de la Cité, aujourd'hui une palissade de bois cache l'espace libéré. (bar à vin)
Ma classe de CM2 ( 1ère) année scolaire 1958.59
je me souviens plus facilement des surnoms que des noms ou prénoms Popeye, Naf naf, Choupi, petit casque d'Or, banane, kiki et son frère, Gégé, Sin, Francis, Daniel Olive, Foulques,Daniel, jean, Francis, Tony
je me souviens plus facilement des surnoms que des noms ou prénoms Popeye, Naf naf, Choupi, petit casque d'Or, banane, kiki et son frère, Gégé, Sin, Francis, Daniel Olive, Foulques,Daniel, jean, Francis, Tony
Michel si tu as d'autres noms n'hésite pas écris moi!
mardi 29 novembre 2016
samedi 26 novembre 2016
vendredi 25 novembre 2016
film La Belle Aude 1937
Dans les collections de Jean Vigo un film intitulé Aude Belle Inconnue (1937.)
mettre en surbrillance l'adresse ci-dessus puis clic droit pour accéder à http://www........
ou
http://tools.yoolib.com/video/index.php?user=memoirefilmiquedusud&filemedia_id=427
ou
http://tools.yoolib.com/video/index.php?user=memoirefilmiquedusud&filemedia_id=427
mercredi 23 novembre 2016
Film de 1979 à la Cité
Mon cousin Patrice vient de me faire parvenir l'adresse de ce film sur la Cité de Carcassonne en 1979
Mémoire filmique du Sud Collection Institut Jean Vigo.
http://tools.yoolib.com/video/index.php?user=memoirefilmiquedusud&filemedia_id=428&background=ffffff&pdf_type=external&url_css&menu_left_visible&menu_left_type&search&lang&url_return=http%3A%2F%2Fwww.memoirefilmiquedusud.eu%2Fcollection%2F127-la-cite-dans-la-cite%2F%3Fn%3D2&sid=5cufsdp52hh5mqcpv2b55ls4c6&fullscreen=1
lundi 21 novembre 2016
Un Citadin
Jean Pierre Olivier, un citadin un vrai,, un pur, non tatoué, une figure citadine, une forte gueule, un cœur gros comme ça, un fidèle en amitié, un homme attachant, j'arrête les compliments car lors de notre prochaine rencontre je risque bien de me faire rabrouer.
Lorsque j'ai lu cet article dans le journal l'Indépendant "le questionnaire décalé" j'ai pensé que je ne pouvais pas ne pas le faire paraître dans le blog Los Ciutadins.
mercredi 16 novembre 2016
Le trou du loup
A l'entrée de la Porte Narbonnaise, du côté opposé à celui de Dame Carcas, se trouvait un bureau d'octroi qui prélevait une taxe sur l'entrée de certaines denrées, notamment le vin.
Les vignes citadines étaient insuffisantes pour la consommation des travailleurs citadins qui devaient aller acheter leur vin dans les campagnes avoisinantes. Les ouvriers citadins, agricoles ou pas, étaient dès le mois de septembre-octobre utilisés pour la récolte. Ces campagnes, ces propriétés embauchaient de nombreuses personnes pendant les vendanges, une main d'oeuvre locale et surtout Espagnole.
Pour s’approvisionner en vin, hors période automnale, et pour éviter de payer cette taxe les habitants de la Cité allaient acheter le vin de nuit dans les « campagnes » des environs. Arrivés à destination, ils commençaient à boire un verre, le verre de l'amitié, peut être deux ou trois puis, leurs cruches et leurs bonbonnes pleines, prenaient le chemin du retour en chantant.
Pour éviter la route, ils prenaient un chemin de traverse et passaient au « trauc del
Lop »
Et pour franchir l'enceinte
ils rentraient par la poterne qui conduit à la porte de la Tour
Saint Nazaire.
(d'après un texte de P.Sire)
Photographies archives Nationales
mardi 15 novembre 2016
La tour Malpel
Photographies Archives Nationales
"En 1792, le général Dugommier fut envoyé dans le midi pour y rassembler une armée contre les Espagnols. Il établit son camp à Auriac aux environs de Carcassonne. Les volontaires s'y rendirent en foule. Ceux de Carcassonne y furent conduits par un nommé Malpel que ses chansons patoises (') avaient rendu populaire. Il avait excité chez les Carcassonnais un tel enthousiasme qu'à cette occasion ils le nommèrent leur capitaine. C'est en chantant ses compositions qu'ils arrivèrent à Auriac. Ils ne s'en tinrent pas là. Les jours suivants les exercices alternèrent avec les chants de Malpel et cela d'une façon si persistante que Dugommier qui ne comprenait pas l'idiome (') dans lequel ils étaient composés s'imagina qu'ils contenaient des calomnies royalistes contre la Révolution. Il ordonna de les faire cesser. Les chants continuèrent de plus belle. Irrité Dugommier fit saisir le capitaine qui fut enfermé dans une tour de la Cité. Cette tour qui s'appelait alors Tour St Paul fut baptisée par le populaire tour Malpel. C'est qu'en effet notre homme s'était procuré un violon et tous ceux qui s'approchaient de la tour pouvaient l'entendre entonner ses chansons patoises ('). C'est pour celà que depuis cette époque, on peut entendre dans les rues de la vieille Cité retentir cette menace adressée aux enfants turbulents : « S'es pas satge, pichou, t'embouiaren jouga dal biuloun dans la tour de Malpel. »
d'après P.Sire
vendredi 11 novembre 2016
La guerre novembre 1942
Il y très peu de témoignages d'habitants de la Cité pendant la guerre. En effet pratiquement tous les Citadins durent quitter leur domicile pour se réfugier chez des parents, des amis ou des personnes accueillantes dans des campagnes ou des villages, ainsi toute ma famille se réfugia à Saint Papoul pendant 1 an ou 1 an et demi. Dans la Cité seules 6 ou 7 personnes furent, pour des raisons professionnelles, réquisitionnées pour y rester: taxi, professionnels de l'hôtel...
Aujourd'hui ne restent que quelques vagues souvenirs citadins.
Le texte que je vous propose a été écrit par Robert Anguille qui a vécu la guerre dans son village de Ribaute.
C'est un témoin qui raconte simplement, sans grandiloquence, cette période douloureuse pour tous, la plupart obligés de faire avec...., de faire comme si ..., en espérant que cela se termine au plus vite, avec cette peur permanente, qui vous fait sursauter au moindre bruit, qui vous fige au silence pesant, mais avec une volonté de vivre malgré tout.
En ce mois de Novembre, mois du souvenir, je me permets de vous faire profiter du témoignage de Robert Anguille.
Soldats allemands à Ribaute ( novembre 1942 )
Le 8 du mois a eu lieu le
déparquement en Afrique du nord de soldats Etats Uniens et Anglais. Le 11 les
troupes allemandes franchissent la ligne de démarcation et se répandent en zone libre.
Ribaute, où j’habite, (330 habitants dans
les années quarante) est un village du
sud de la France , dans les Corbières , situé par voie routière à quarante
kilomètres de Carcassonne, chef-lieu du département de l’Aude . La route
départementale qui relie Lagrasse à
Lézignan- Corbières le traverse. La population essentiellement paysanne y vit
de ce que lui rapporte la vigne. La rivière Orbieu, affluent du fleuve côtier
Aude, s’écoule au pied des bas quartiers du village.
Ce jour-là, en début d’après-midi, enfourchant ma bicyclette j’étais
allé faire un tour à Lagrasse et j’ai
trouvé à la sortie de ce village, ô surprise ! une colonne motorisée de
soldats allemands, selon toute apparence
prête à partir vers Ribaute. Autant qu’il m’en
souvienne, il y avait en tête deux sidecars, suivis de véhicules légers à
quatre places précédant des camions de transport d’infanterie . Tout cela était
si inattendu que je le mémorisai illico.
J’ai fait aussitôt demi-tour pour
annoncer la " bonne nouvelle" aux Ribautois.
Je ne me souviens pas de la date
précise. Je sais seulement que, dès le
11 novembre, l’armée teutonne s’installait à Carcassonne. Le 11 novembre 1942
était un mercredi. Sous le régime de Vichy on ne commémorait pas l’armistice de
1918 ; la dernière cérémonie commémorative avait eu lieu le 11 nov.1940.
Ci-joint la photo que j’avais prise au monument aux morts de Ribaute. Né le
9/11/24, j’avais alors 16 ans. Lorsque j’ai vu tous les anciens combattants du
village réunis et leur air grave j’ai été saisi par l’émotion, et le gamin que
j’étais n’a pas hésité à proposer à ces hommes qui avaient connu les
horreurs de la guerre de
14-18, où beaucoup d’enfants de Ribaute étaient tombés, de les prendre en
photo.
Ce jour de novembre 42 donc, un jour
de beau temps, que pouvaient faire les villageois en ce début
d’après-midi ? Sans doute étaient-ils pour la plupart occupés à tailler la vigne .La plupart des
femmes devaient être au village. Il est probable que les hommes dispersés dans
les environs aient été prévenus et soient rentrés chez eux .De cela je ne me
souviens que très vaguement mais, de mémoire, il y eut vite du monde dans les
rues et sur la place. Et quelques commentaires ; notamment : «
Pourquoi ces allemands s’arrêteraient-ils à Ribaute ? ». Oui, mais
le fait est qu’ils s’y arrêtèrent.
Paul, mon frère ( 22 ans ) qui était
coiffeur en plus d’être viticulteur, se trouvait à la maison. Aussitôt apprise
la nouvelle, il enveloppa d’un linge ses rasoirs, ses ciseaux et sa tondeuse , rangea soigneusement le tout dans une boite
métallique qu’il alla cacher quelque part dans un recoin de notre
grenier : « Je ne fais plus le coiffeur ». Cependant, sur le soir
les premiers clients se présentaient. Il
les renvoya poliment. Même pas une demi-heure après, le maire arrivait
accompagné d’un gradé, peut-être un capitaine ( ? ). « Paul,
il faut que tu les reçoives sinon vous
allez avoir des ennuis. Il faut que tu comprennes la situation ». Alors, tous les soirs, dans la
pièce du rez de chaussée où nous vivions, il y eut de jeunes allemands qui
venaient se faire tailler les cheveux. Mon grand – père (80 ans) allait se
coucher, le reste de la famille se cantonnait dans la cuisine, sauf moi qui restais avec mon
frère et qui, pour m’occuper, sur la table familiale poussée dans un coin,
faisais mes devoirs ; j’étudiais par correspondance. Tout se passait en
silence mais les trois ou quatre soldats, qui arrivaient et repartaient
ensemble, échangeaient parfois quelques mots. Un soir, l’un d’eux, apercevant ma
mère et ma grand’mère qui tricotaient assises dans la cuisine près de la cheminée,
capta mon regard et me dit quelque chose comme : « la maman ».
Il me fit comprendre qu’il avait lui « aussi une maman en Allemagne. Puis,
brusquement, il saisit ma main et me fait constater à travers le tissu de son
pantalon qu’il a une blessure profonde à la cuisse .Il dit un mot et je
comprends « Russie ». Moment surréaliste. Chez moi, dans ma maison,
trois jeunes allemands en uniforme. Loin de leur famille. Envoyés au repos dans le Midi de la France après avoir fait la
guerre en Russie. Un peu perdus, sans doute et quêtant d’instinct un peu de
chaleur, un peu de fraternité. Ces garçons, je pourrais être un des leurs. Une
bande de fous les a envoyés à la boucherie !
Un soir, arrive un officier qui lui
aussi se fait tailler les cheveux. Mais lui, il ne repart pas tout de suite. Il
s’installe. Il parle un français très correct. Il est professeur d’histoire.
Francophile. Il dit que la France et l’Allemagne doivent s’unir. Qu’elles
domineront le reste du monde. En nous quittant il nous tend la main. Tout cela
est cruellement humain.
Quelquefois, même en présence de ces
clients peu ordinaires, j’écoutais Radio – Londres. Un soir l’un deux me
demanda d’un signe s’il pouvait « se servir » du poste et, sans
attendre de réponse, il se mit à tourner le bouton de sélection, jusqu’à ce
qu’une voix allemande sorte du haut-parleur. Avec un sourire réjoui ses camarades
s’approchent et écoutent. Mais il s’agit d’une émission d’informations anglaises, donc émanant de l’ennemi, et leur
visage se décompose. Ils s’écrient : « Communist !
Terrorist ! » et éteignent rageusement le poste. Mon frère et moi rigolons en silence, tandis qu’un
ami qui se trouve là éclate carrément de rire devant leur déconvenue. Il sera
tué par des soldats allemands à Ribaute
même le 23 juillet 1944.
Ils resteront une semaine à Ribaute où la vie a repris son cours. Il y a le couvre-feu, mais le jour chacun vaque à ses occupations.
Ils resteront une semaine à Ribaute où la vie a repris son cours. Il y a le couvre-feu, mais le jour chacun vaque à ses occupations.
Je taille la vigne des «
Moulinols », une petite parcelle au bord de l’Orbieu. Une vingtaine de
soldats arrivent et, à quelques mètres, se mettent à faire des exercices physiques.
Bras tendus à l’horizontale et un fusil dans les mains, flexions des jambes en
comptant le nombre de mouvements. Pompes à n’en plus finir, jusqu’à ne plus
pouvoir se relever, sous la surveillance d’un capo qui, à la première défaillance
, d’un méchant coup de botte appliqué violemment sur l’arrière du crâne plaque
la face du soldat contre la terre de ma vigne. Sur une crête rocheuse se tient
un officier portant un uniforme extrêmement
chic. Il surveille tout ça, une badine à la main. M’efforçant de faire
comme si de rien n’était je continue de tailler la vigne.
Je suis au « Caïran », une autre petite
vigne plantée sur la pente d’un ravin de la Bade, petite colline au sud de
Ribaute, et je taille. En voilà d’autres , un petit groupe. Ils
s’installent sur l’autre pente, à une centaine de mètres de moi, et font du tir
à la mitrailleuse. Ça crépite un bon moment. Mais que fait le Coucou dont le
chant se répercute habituellement en écho dans ce coin perdu ? Quand ils
sont repartis, par curiosité je me rends à l’endroit du tir. Il y a au sol une innombrable quantité
de douilles . Et j’entends un bruit de pas, c’est un soldat chaussé de souliers
ferrés qui marche sur la rocaille. Il vient d’où se dirigeaient les tirs. On
l’avait probablement posté là- bas pour veiller à ce qu’il n’y ait pas de
danger pour un éventuel passant ; ou peut-être aussi pour ramener la cible.
Il passe pas loin de moi et ne me voit pas. Je m’empare d’une douille!
Les allemands, il a bien fallu les
loger. Les hommes de troupe sont au Foyer des Campagnes, notre salle des fêtes.
Les Officiers et sous-officiers chez l’habitant. Des chambres ont été réquisitionnées.
Chez Maurice G., le capitaine dort avec son ordonnance.
On leur sert les repas sur la place
du village où la cantine est installée tous les jours le temps nécessaire. Les
troufions font la queue pour recevoir leur ration. Quelques badauds, surtout
des enfants qui enfreignent l’interdiction faite par les parents. Ça se
bouscule un tout petit peu dans la file d’attente. Le fauteur de trouble est
repéré ; quand on lui a rempli sa gamelle le capo de service la retourne
et la lui vide sur les pieds. Il dormira le ventre vide cette nuit.
Voilà, ils sont repartis. Au petit
jour on a entendu le bruit des moteurs.
mardi 1 novembre 2016
mardi 18 octobre 2016
Madame Josette Babou Institutrice
Nous présentons toutes nos plus sincères condoléances aux enfants et petits enfants de Madame Josette Babou.
Madame Babou était institutrice à l'école maternelle de la Cité dès le début des années 60 avec son mari également instituteur à l'école des garçons.
Ils occupaient avec leurs enfants un logement de fonction situé au dessus des classes.
Faisant partie de la population citadine ils participaient à la vie du village.
Monsieur Babou en particulier aimait se déguiser le jour du tour de l'âne.
Sur cette photographie nous voyons au premier rang Lily Devèze, au deuxième rang Madame Babou au côté d'une autre institutrice Madame Cau et Monsieur Babou cigarette au bec.
Ils étaient réunis par la municipalité pour la circulation et le stationnement dans la Cité.
Ci joint un article du journal l'Indépendant du 15 octobre 2016.
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