Article de Pierre Sire
La légende des sept archers de St Gimer est encore un
témoignage de la croyance superstitieuse aux méfaits du diable et à sa présence
dans ces lieux préférés que sont les carrefours, les ponts, les gouffres, les
puits, etc.
Les habitants de la
Cité de Carcassonne ont toujours cru que le grand puits de son enceinte était
habité par le diable et que des vociférations et des blasphèmes étaient
entendus durant certaines nuits de l'année, par ceux qui s'étaient trouvés aux
alentours.
L'histoire de la Cité nous apprend, du reste, que ce puits a
toujours hanté l'imagination populaire de ses habitants, par suite, sans doute,
de la croyance commune que le riche trésor des Wisigoths y était enfoui En
venant faire le siège et la conquête de la Cité, les Goths avaient apporté le
trésor prodigieux provenant du pillage du temple et du palais de Salomon.
Vaincus à Vouillé par Clovis et contraints à fuir, ils jetèrent ce trésor dans
le puits de la Cité, espérant l'y retrouver plus tard. Rien donc d'étonnant que
la pensée de ce trésor fabuleux ne soit devenue pour les habitants de la Cité
de Carcassonne, le sujet de légendes de toutes sortes, dont celle des sept
archers de St Gimer reste un type particulier et suggestif.
Dans sa littérature
populaire et traditions légendaires de l'Aude (1), Gaston Jourdanne nous la
raconte à peu près en ces termes.
Sept archers de la Cité de Carcassonne avaient dans une
libre conversation médit des Apôtres et de St Gimer évêque de la ville. Un
certain jour revenant de corvée, ces mêmes archers aperçoivent un âne abandonné
et broutant l'herbe sur le bord du chemin. Deux d'entr'eux le saisissent et
sautent sur son dos aux applaudissements de leurs compagnons. Bientôt un
troisième puis un quatrième enfourchent l'animal paisible, dont le dos semble
s'allonger à mesure qu'augmente le nombre des cavaliers. Si bien que les sept
archers perchés maintenant sur l'âne fantastique s'y trouvent à merveille, et
vont leur chemin plein de rires et de bruyantes plaisanteries. Mais pendant
qu'ils avancent, la riche housse dont l'âne errant était recouvert se change,
comme par enchantement, en un drap mortuaire, tandis que l'allure d'abord
paisible de l'animal devient un galop vertigineux. Arrivé en face du cimetière,
l'âne s'arrête brusquement comme pour contraindre les archers effrayés et
raidis sur son dos, à entendre un moment les chants et les psalmodies funèbres
qui semblent sortir de chaque tombe.
Mais l'arrêt n'est que momentané, l'âne comme aiguillonné
par une force invisible, reprend sa course effrénée vers la place du grand
puits de la Cité. Et là, sans donner aux archers le temps de mettre pied à
terre, il se précipite dans le gouffre béant en un saut infernal, entraînant
avec lui les cavaliers qui avaient médit des Apôtres et de St Gimer et
plaisanté imprudemment du diable et de sa puissance. Jamais plus ajoute la
légende, nul n'a revu les sept archers de la Cité. Mais par les nuits d'orage
et de tempête et quand l'horloge de la cathédrale St Nazaire sonne les douze
coups de minuit, on entend sortir du fonds de l'antre diabolique tout illuminé des
reflets d'éclairs effrayants, des imprécations mêlées de râles et de
gémissements. (1).
(1) Littérature populaire et traditions légendaires de
l'Aude. G. Jourdanne.
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