L’approvisionnement
de la Cité au Moyen Âge (1)
« La faim peut prendre des forteresses,
elle peut aussi les rendre à l’ennemi. »
(Proverbe grec)
Le ravitaillement en eau et en vivres
n’est pas moins important pour la valeur combattive d’une garnison qu’un
commandement valeureux et un bon armement. Nous allons donc chercher ce que
l’on peut trouver dans la Cité dans ce domaine …
Vivre sans manger c'est possible pendant plusieurs
jours, voire plusieurs dizaines de jours. À la condition toutefois de continuer
à toujours boire de l’eau.
Car sans apport hydrique, nous ne pouvons pas espérer survivre plus de trois
jours. Cherchons donc d’abord les ressources en eau.
Les points d’eau de la Cité :
- Lo Potz de las Fadas, le Puits des Fées
ou le Grand Puits
Grâce
à une structure au-dessus de la margelle, dont n’existent plus que 2 piles, trois
personnes pouvaient puiser l’eau en même temps. Le diamètre du puits, à la
margelle, est de 2m60 contre 3m46 au fond. La profondeur constatée lors du
curetage de 1808 était de 39m45 contre 30m20 trouvés par Viollet-le-Duc
cinquante ans plus tard.
- Le puits du Plô
Puits creusé dans le roc, d'un diamètre d'environ 1m60. La
profondeur de ce puits est de 21m40.
- La Font celada
Une fontaine, qui n’est celada, cachée, que
depuis la construction de l’enceinte extérieure par les Francs et qui est un
des plus anciens points d’eau de la Cité. On puisait l’eau par la margelle,
scellée de nos jours, que l’on remarque dans la montée entre avant-porte et
porte d’Aude. « Débit régulier qu’elle que soit la saison, eau
de bonne qualité pendant que la foun grando et la fontaine des Capucins,
« la pialo » de la Trivalle livrent de l’eau de mauvaise qualité. »
C’est le constat d’+ Henri Alaux, historien de Carcassonne bien connu, qui nous
a laissé aussi ce croquis de la font.
- Autres puits
Nous
trouvons des puits dans la cour du Midi du château comtal
ainsi
que dans la tour de la Vade, dans la tour st. Nazaire et dans la partie souterraine
de la Poterne de la tour de la Peyre. Et qui ne connait pas le puits de la
Sendrine (en réalité, la pauvre s’est noyée dans le Grand Puits !)
avec sa double bouche près de la tour du Tresau Il y en a dans les jardins de
la maison d’inquisition et du presbytère. Le cloitre capitulaire de la Cité
disposait de deux puits ; un est encore visible
dans l’enclos devant le théâtre, l’autre était situé là où il y a aujourd’hui le
vaste fossé d’orchestre (dissimulé en grande partie sous la scène) auquel il a
dû céder.
22 puits sont officiellement recensés dans la Cité
mais grand nombre des maisons possèdent leur propre puits comme par exemple l’ancien
restaurant « Les Buissonnets » dans sa cave du XI° siècle (ce puit
inondait la cave lors de grandes pluies et Jojo a ajouté une margelle).
On les appelle communément puits mais en
réalité ce sont tous plutôt des citernes. Elles sont nourries par le
ruissellement de l’eau de surface à travers les fissures du sous-sol de la Cité
dans leurs cavités ; exception faite de la Font celada qui est une vraie
fontaine.
Nous connaissons tous la citerne
dans la tour septentrionale de la porte Narbonnaise mais les vestiges effacés
d’une autre citerne ont été reconnus juste à côté, dans l’angle formé par
l’arête nord-ouest de la même tour et la courtine attenante.
Extra muros se trouve (au coin du chemin des Anglais) un
réservoir qui, entouré de son bâti médiéval, recueillait encore hier l’eau des
collines environnantes : la Font granda qui alimentait jadis la population
du faubourg san Miquel.
N’oublions pas que ces ressources étaient habituellement
suffisantes à une époque sans douche et sans lavage-auto (et même sans pastis).
Mais, dans des circonstances particulières, il pouvait y avoir des problèmes :
en août 1209, mois extrêmement torride, les croisés avaient encerclé la Cité et
pris les faubourgs. Ainsi les Carcassonnais n’ont plus accès ni à l’Aude ni aux
fontaines des faubourgs et très vite, le faible débit des seuls puits
intra-muros ne suffit plus à ravitailler la population doublée par les
réfugiés, habitants des faubourgs et les familles de paysans de l’entourage
avec leurs bêtes. Ce qui a emmené le jeune Raimon Roger Trencavel (Pastouret, petit pâtre, comme
l'appelait le troubadour Raimon de Miraval) à chercher des pourparlers avec
les conséquences que l’on connaît.
Texte et photographies JP Oppinger
Texte et photographies JP Oppinger
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