lundi 14 octobre 2019

Approvisionnement de la Cité au Moyen Age.





L’approvisionnement de la Cité au Moyen Âge (1)
« La faim peut prendre des forteresses, elle peut aussi les rendre à l’ennemi. »
(Proverbe grec)

Le ravitaillement en eau et en vivres n’est pas moins important pour la valeur combattive d’une garnison qu’un commandement valeureux et un bon armement. Nous allons donc chercher ce que l’on peut trouver dans la Cité dans ce domaine …
Vivre sans manger c'est possible pendant plusieurs jours, voire plusieurs dizaines de jours. À la condition toutefois de continuer à toujours boire de l’eau. Car sans apport hydrique, nous ne pouvons pas espérer survivre plus de trois jours. Cherchons donc d’abord les ressources en eau.

Les points d’eau de la Cité :

- Lo Potz de las Fadas, le Puits des Fées ou le Grand Puits
Grâce à une structure au-dessus de la margelle, dont n’existent plus que 2 piles, trois personnes pouvaient puiser l’eau en même temps. Le diamètre du puits, à la margelle, est de 2m60 contre 3m46 au fond. La profondeur constatée lors du curetage de 1808 était de 39m45 contre 30m20 trouvés par Viollet-le-Duc cinquante ans plus tard.

- Le puits du Plô
Puits creusé dans le roc, d'un diamètre d'environ 1m60. La profondeur de ce puits est de 21m40.

- La Font celada
Une fontaine, qui n’est celada, cachée, que depuis la construction de l’enceinte extérieure par les Francs et qui est un des plus anciens points d’eau de la Cité. On puisait l’eau par la margelle, scellée de nos jours, que l’on remarque dans la montée entre avant-porte et porte d’Aude. « Débit régulier qu’elle que soit la saison, eau de bonne qualité pendant que la foun grando et la fontaine des Capucins, « la pialo » de la Trivalle livrent de l’eau de mauvaise qualité. » C’est le constat d’+ Henri Alaux, historien de Carcassonne bien connu, qui nous a laissé aussi ce croquis de la font.




- Autres puits

Nous trouvons des puits dans la cour du Midi du château comtal




ainsi que dans la tour de la Vade, dans la tour st. Nazaire et dans la partie souterraine de la Poterne de la tour de la Peyre. Et qui ne connait pas le puits de la Sendrine (en réalité, la pauvre s’est noyée dans le Grand Puits !) avec sa double bouche près de la tour du Tresau Il y en a dans les jardins de la maison d’inquisition et du presbytère. Le cloitre capitulaire de la Cité disposait de deux puits ; un est encore visible dans l’enclos devant le théâtre, l’autre était situé là où il y a aujourd’hui le vaste fossé d’orchestre (dissimulé en grande partie sous la scène) auquel il a dû céder.


22 puits sont officiellement recensés dans la Cité mais grand nombre des maisons possèdent leur propre puits comme par exemple l’ancien restaurant « Les Buissonnets » dans sa cave du XI° siècle (ce puit inondait la cave lors de grandes pluies et Jojo a ajouté une margelle).

On les appelle communément puits mais en réalité ce sont tous plutôt des citernes. Elles sont nourries par le ruissellement de l’eau de surface à travers les fissures du sous-sol de la Cité dans leurs cavités ; exception faite de la Font celada qui est une vraie fontaine.




Nous connaissons tous la citerne dans la tour septentrionale de la porte Narbonnaise mais les vestiges effacés d’une autre citerne ont été reconnus juste à côté, dans l’angle formé par l’arête nord-ouest de la même tour et la courtine attenante.
Extra muros se trouve (au coin du chemin des Anglais) un réservoir qui, entouré de son bâti médiéval, recueillait encore hier l’eau des collines environnantes : la Font granda qui alimentait jadis la population du faubourg san Miquel.

N’oublions pas que ces ressources étaient habituellement suffisantes à une époque sans douche et sans lavage-auto (et même sans pastis). Mais, dans des circonstances particulières, il pouvait y avoir des problèmes : en août 1209, mois extrêmement torride, les croisés avaient encerclé la Cité et pris les faubourgs. Ainsi les Carcassonnais n’ont plus accès ni à l’Aude ni aux fontaines des faubourgs et très vite, le faible débit des seuls puits intra-muros ne suffit plus à ravitailler la population doublée par les réfugiés, habitants des faubourgs et les familles de paysans de l’entourage avec leurs bêtes. Ce qui a emmené le jeune Raimon Roger Trencavel (Pastouret, petit pâtre, comme l'appelait le troubadour Raimon de Miraval) à chercher des pourparlers avec les conséquences que l’on connaît.
Texte et photographies JP Oppinger






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