samedi 13 février 2021

Les souterrains de la Cité 2

 



Souterrain 2 :

Partant également de la porte du château se dirigeant vers la crypte de st. Nazaire, tournant à droite pour passer par les tours Mipadre et le Grand Burlas en continuant au Sud-Ouest.

Remarque :La dernière droite pourrait correspondre au souterrain du Canissou de LABARRE, voir Annexe 3

Souterrain 3 :

Sous l’enceinte du château ; largeur 2m90.

Souterrains4 :

Partant du château vers la tour de la Poudre, continuant sous le rempat gallo-romain jusqu’à la tour du Connétable, tourne ici vers la tour Benazet et poursuit son chemin sous l’enceinte extérieure jusqu’à la porte d’Aude, passe sous le rempart intérieur et va jusqu’à la tour Castéra (vu le tracé ça doit être la tour du Plô) et y rejoint d’ici l’enceinte extérieure.

Largeur 3m50.

 Souterrain 6 :

Partant de la tour de la Marquière de l’enceinte intérieure, il passe sous les lices pour rejoindre la barbacane du Rigal de l’enceinte extérieure, passe par les tours de Moureti et de la Glacière pour rejoindre l’enceinte intérieure entre les tours de la Charpentérie et du Moulin d’Avar

ANALYSE :

Ils se pose d’abord la question dans quel but auraient été construits les souterrains que nous décrit M. Chauveau. Il nous parle d’un « régime stratégique » bien étudié avec des communications permettant, en cas de siège, de sortir et rentrer à volonté.

Bien sûr est-il agréable de pouvoir envoyer ou recevoir des messagers sans encombrement ou faire une sortie dans le flanc d’un ennemi qui s’acharne sur une porte (comme c’est le cas pour le souterrain à côté de la tour Peyre). Mais il ne faut pas oublier que ses accès sont à surveiller en cas de paix et même à défendre en cas de guerre. Ce sont donc des points faibles qu’il faut limiter au strict nécessaire. Une galerie souterraine longeant les murs d’une enceinte et ayant plusieurs sorties rend la défense illusoire.

On savait que les Romains, en vue de leur installation, avaient aménagé le plateau sur la colline de la Cité par des nivellements et des remblais qui pouvaient atteindre plusieurs mètres d’hauteur. Par les sondages archéologiques en 2015 – 2016 on a appris, sous les fondations de l’enceinte gallo-romaine dans le secteur septentrional, la présence des structures antérieures, bâties en terre crue (GARDEL, M.E., DRAC : Bilan scientifique de la région Occitanie 2016, p. 56). Ce sont des facteurs importants pour la stabilité du sol.

Au XIII° siècle, quand les Francs effectuaient des opérations d’urgence pour reprendre en sous-œuvre le rempart qui, suite au nivellement des Lices, était en train de s’écrouler, ils ont bien dû se rendre compte de l’état du sol meuble. Je ne puis imaginer qu’ils auraient pris de nouveaux risques en y creusant des galeries souterraines sous ou au pied de ces murs.

CONCLUSION :

Je suppose que, pendant son séjour, M. Chauveau a entendu beaucoup parler des souterrains dans la Cité et qu’on lui a montré beaucoup des entrées supposées, des caves finalement. Ce qui expliquerait aussi les chiffres exagérés qu’il donne pour la largeur des tunnels ; il n’y a que celle du souterrain 6 qui est raisonnable (1m28). Il a laissé cours libre à sa fantaisie en rassemblant tout ce qu’il avait entendu dans un système imaginé. Le thème des souterrains est très en vogue chez la population du Carcassès ; en annexe, j’ai ajouté des sources bien connues et il existe plein de légendes non écrites ! 

Mais tout cela n’exclue pas l’existence de l’un ou l’autre souterrain invisible de nos jours. Nous trouvons des références sérieuses chez Cros-Mayrevieille (Ann.1, Barbacane), Nelly et Alaux (Ann.2, Barbacane, tour st. Laurent et Grand Burlas) et Labarre (Ann.3, Grand Burlas), d’autres, non confirmées par exemple chez Sivade (Ann.3, tour carré de l’Évêque). M. Chauveau pourrait donc avoir touché une ou deux fois une réalité.

Et il y a toujours la porte inexpliquée de la Cité en bronze, place du château, dont parle aussi Labarre ; c’est peut-être l’arc qui sort de la terre dans le jardin au pied de la tour carré de l’Évêque.

 

 

 

En attendant, je me joins à Jean MESQUI qui nous dit  :

Le souterrain, ou le « château-mystère »

« Curieusement, l’un des mythes le plus tenaces, les plus présents, a été et reste celui du souterrain, alors que le Moyen Âge a toujours mis en avant le rôle statuaire des éléments en élévation.

La réalité vécue disparait au profit d’une légende, histoire réinventée par l’imagination populaire :

QUEL CHÂTEAU N’A PAS, AU DIRE DE SES GUIDES, DES RÉSEAUX LONGS PARFOIS DE DIZAINES DE KILOMÈTRES ?

QUEL SOUTERRAIN, CONNU PAR LA TRADITION, NE S’EST PAS MALENCONTREUSEMENT EFFONDRÉ DE TELLE SORTE QU’IL EST IMPOSSIBLE DE LE RECONNAÎTRE ?

QUEL AUTRE ENFIN NE REÇOIT PAS LA CAUTION D’UN VIEILLARD CHENU, DONT UN AÏEUL A PARCOURU L’INTÉGRALITÉ DU TUNNEL ?

C’est l’un des mythes modernes les plus présents du château, sans doute les plus éloignés de la réalité aussi. Il prend naissance dans les innombrables perforations que les hommes pratiquèrent à toute époque dans le sous-sol, destinées à fournir des matériaux aux édifices en élévation ou à fournir des caves de stockage, à température constante.

Le souterrain ne fut, dans la majorité des cas, qu’une cave: il put être réseau de caves, comme dans la plus grande partie des villes médiévales. Au fil des siècles, en effet, ces perforations horizontales, qu’il s’agisse de carrières, de caves, finirent par se rejoindre, s’interconnecter, s’emmêler dans de complexes écheveau. »

(Source : MESQUI, J ; Les château forts de la guerre à la paix in Architecture 256, p. 109)

 

J.P. OPPINGER


1 commentaire:

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Merci Anton de Ciutad