Texte de JP Oppinger
La garde et la défense
de la Cité
2/ Les débuts dans la Cité royale
Les châtellenies des Trencavèl
s’éteignent après la prise de la Cité par les Croisés en 1209 ; les estagers
du vicomte montrent bien moins d’attachement à leurs nouveaux maîtres, les envahisseurs
du Nord.
Blanche de
Castille et Louis IX décident donc de créer à Carcassonne une MILICE
ROYALE, mercenaire et permanente, de 220 hommes placés sous les ordres
d’un connétable (constabularius),
domiciliés toute l’année dans la Cité. Les recrues doivent avoir les aptitudes
nécessaires pour être « bon
arbalestrier, bien tendant et traiant arbalestre, et bien souffisant au dit
office ».
Les premiers
sergents occupent la tour de la Vade (leur quartier général) dès 1245.
Il semble
que, durant tout le XIII° siècle, les recrues originaires des provinces du Nord
sont beaucoup plus nombreuses que l’élément local ; les nouveaux maîtres
n’ont pas trop de confiance dans la population occitane…
Des mandements royaux de 1286
concernent les nominations à des sergenteries de Carcassonne. Le roi peut
pourvoir à une vacance entraînée par la démission ou la mort d’un
titulaire ; il peut également destituer un sergent indigne et le remplacer
par un homme de son choix.
Les lettres de provision sont
établies sous forme de mandement et scellées d’un sceau pendant ; elles
sont remises directement au bénéficiaire qui les présente lui-même au sénéchal
chargé de les exécuter.
Le plus souvent, les brevets
de sergents énoncent expressément l’affectation des titulaires ; parfois
cependant, les termes du mandement sont élargis pour faciliter au sénéchal de
donner satisfaction à un favori du roi, quelle que soit au même moment la
situation des effectifs.
Et il semble que Louis IX surveillait de
près l’ordre des mutations. Vers 1254, il avait enjoint au sénéchal de
Carcassonne de réserver à son protégé, Senebrun de Darne, la première solde
journalière de douze deniers tournoi qui viendrait à être disponible à la Cité.
Le sénéchal, ayant omis d’obéir, se vit infliger un sérieux avertissement…
Le connétable tient sa
commission du sénéchal agissant comme délégué du roi. Il réunit dans ses
attributions l’autorité sur la milice et la haute main sur l’organisation
intérieure de la défense, depuis l’entretien des fortifications jusqu’au détail
de l’armement et au service des approvisionnements (G. Besse le désigne comme
« chef de guerre et capitaine de
ville »). Comme « Lieutenant du sénéchal », le connétable
participait au gouvernement militaire de la sénéchaussée.
Sous l’autorité du connétable,
les sergents d’armes assurent la garde de la Cité. Leurs obligations de service
sont finalement définies par un règlement du XIV° siècle dont les dispositions
se trouvent dans un mémoire de 1483 (surement influencé par la règlementation des
châtellenies).
Ce corps participe aussi aux festivités de la Cité.
Durant la fête du Papegay (occitan : perroquet), les sergents
participent à un concours de tir à l’arc devant la tour de la Vade. Pour la
Saint-Louis (25 août), les mortes-payes assistent à la messe en l’église
Saint-Sernin et reçoivent leur solde devant la tour du Tréseau.
« Les mortes-payes »
La fête du Papegay
et une procession où l’on distingue les mortes-payes en armes juste derrière
l’évêque.
Viollet le Duc, qui a visé cette époque dans sa
restauration, nous donne, dans son élan romantique de faire ici aussi le
maximum, un nombre des « hommes strictement nécessaires pour défendre la
Cité » de 1323 (détails voire Viollet le Duc « La Cité de
Carcassonne », Bélisane 2004, p.74 ; il attribue déjà 20 hommes à
chaque tour). En temps de crise,
le roi devait envoyer les renforts nécessaires, comme il l’avait fait en 1240.
Il fallait bien les hommes pour servir les tours des deux enceintes, les
barbacanes, les courtines, les portes et l’enceinte du château.
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