Texte JP Oppinger
3/ L’organisation de la garde dans la Cité royale
Le régime normal en temps de
paix comporte une permanence de jour à chacune des entrées principales et une
surveillance de nuit sur la fortification.
Les gardes du jour sont
présents en permanence à la porte, de l’ouverture à la fermeture. Ils portent
la tenue complète, ceints de l’épée. Ils peuvent déposer leurs casques à portée
de main mais doivent garder leur masse d’armes au poignet.
Quand des étrangers arrivent,
ils doivent se présenter au corps de garde où ils sont interrogés. Avant de
pouvoir entrer, ils doivent décliner leur identité et « donner cognoissance avec qui ils ont à
besoigner et laisser le harnois à la porte ».
Pour la garde de nuit, quand
toutes les portes sont fermées, la compagnie fournit un contingent journalier
de 34 hommes en armes et 4 trompettes. Suivant l’ordre de roulement, chaque
sergent est de tour une nuit sur trois, la « tersa neyt ».
Les hommes en
service se rendent au lieu de rassemblement quand les cloches sonnent le
« premier coup des vêpres ». La troupe rassemblée est
divisée en 3 groupes. Le premier comprend 18 hommes de garde à poste fixe et
les 4 trompettes, les deux autres, les groupes mobiles, 8 hommes chacun. Les
hommes de garde à poste fixe se présentent au rassemblement également en tenue
complète, armés de leurs arbalètes garnies et de leurs épées. Les hommes des
groupes mobiles portent uniquement leurs épées.
A la tombée du
jour quand retentit la sonnerie d’avertissement, le groupe de 18 hommes se
répartit sur l’enceinte intérieure (l’extérieure restant inoccupée). En silence, les sergents, 2 par 2,
gagnent 9 emplacements fixes sur le rempart, déterminés par le connétable, pendant
que chacun des trompettes se dirige vers l’un des points cardinaux. Les 9
sentinelles doubles doivent rester toute la nuit à leur poste fixe sur la
muraille et tenir le contact avec les sergents de ronde des groupes mobiles qui
passent dans les lices.
Un des groupes mobiles a sa
place dans le corps de garde intérieur de la porte Narbonnaise, l’autre dans la
loge de l’avant-porte, derrière l’accès qui est, de nos jours, le pont levis.
Aux heures ordonnées, 2 hommes du groupe font le tour des lices, 12 tours en
hiver, 8 tours en été.
Si les sergents postés sur le
chemin de ronde, les serjans dels gaytz, ne répondent pas
aux appels que leur adressent les binômes du groupe mobile lors de leur
passage, les serjans del stalgayt, ils sont punis le lendemain matin.
Les trompettes se tiennent
dans les tours qui leur sont affectées et exécutent à heures fixes les
sonneries réglementaires.
Le connétable ou son
lieutenant effectuent des contrôles inopinés et punissent de privation de
solde tous les manquements de tenue ou d’exécution de service.
A l’intérieur de la Cité, la sécurité est assurée
par des patrouilles d’habitants dans les ruelles.
Les portes de la ville sont ouvertes après le
rassemblement de la garde descendante par les soins des quatre maîtres-portes.
En 1308, l’évêque Pierre de Rochefort fonde la confrérie
de Saint-Louis, à laquelle adhèrent les sergents de la Cité qui se
trouvent ainsi « fédérés » pour la première fois. Suite à la demande
des sergents adressée à Philippe VI lors d’une visite à Carcassonne, une
ordonnance royale stipule en 1335 l’hérédité de l’office en faveur des fils,
des frères ou des neveux des sergents décédés à condition toutefois que ces
derniers aient les aptitudes nécessaires.
L’instauration du régime successoral entraîne un
changement radical de l’attitude de sergents. On voit peu à peu apparaître de
véritables dynasties de sergents, ces derniers n’hésitant pas à pénétrer dans
le processus des alliances familiales.
Le caractère de perpétuité s’exprimera plus tard, au XVI°
siècle, par le vocable « morte-paye », appliqué très
improprement aux membres de la milice.
Placé sous les ordres du capitaine gouverneur de la Cité,
le corps des mortes-payes continua d’exister jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.
Cependant, son entretien et son équipement en armes incomba progressivement aux
consuls qui, en l’absence du gouverneur, exerçaient le contrôle et la police
des gardes. Ceux-ci devaient assurer un service de garde en armes de 24 heures
à la Porte Narbonnaise. Ils devaient également être présents lors de cérémonies
comme la fête patronales, la messe dominicale ou toute manifestation
officielle.
C’est en 1790 que le corps fut dissout et qu’il fut
enjoint aux mortes-payes d’incorporer la garde nationale.
Sources :
- POUX,
J. : « La Cité de Carcassonne, Histoire et description,
L’épanouissement » tome I, Privat 1931
- BLANC, J et alii : « La Cité de Carcassonne,
des Pierres et des hommes », Grancher 1999
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