dimanche 14 juin 2009

2ème épisode histoire ou légende


La tante d'Antoine, prénommée Gironne , habitait sur la place du Grand Puits, de santé fragile elle tomba malade cette année là et ce fut Colombe qui s'en occupa jusqu'au dernier jour. La famille Cassagnol hérita de la maison de la tante et s'y installa. Cette maison était plus grande que celle qu'elle habitait auparavant et surtout elle possédait une cave . Cassagnol par un heureux hasard , se trouvait donc propriétaire d'une maison possédant un cave à proximité du Grand Puits. il pouvait donc commencer ses recherches de trésor. Pour étayer son futur passage, il avait besoin d'outils et surtout de bois. C'est la nuit venu qu'Antoine sortait avec son ânesse Belleavoir et sur la colline de Pech Marie coupait , sciait des pins, et , avant le lever du jour, regagnait la maison avec Belleavoir chargée comme une mule, elle l'ânesse,un comble où toute la famille était debout pour décharger sans un mot, sans un bruit, le précieux chargement. Antoine avait pris toutes les précautions, à l'entrée du pont Levis, il entourait les sabots de son ânesse de vieux sacs de jute pour amortir le bruit des fers. Personne ne devait savoir , de plus en plus Antoine s'enfermait dans sa folie, devenait soupçonneux , inquiet sursautant au moindre bruit, le voisinage lui même l'intriguait, surtout un individu, noir, vilain et barbu que personne ne connaissait ni ne fréquentait, très louche ce chafouin et de plus il habitait dans une maison en face de la place du Grand Puits.


Antoine passait plus de temps dans sa cave que dans son jardin qu'il délaissait,et ses seules sorties étaient pour aller jouer de la flute et des cymbales ,fixées à ses genoux, à l'Auberge de la Tête Noire, auberge située à l'angle de la Place du Grand Puits et de la rue *Adélaïde de Toulouse. les quelques pièces reçues lui permettait, lui et sa famille, de survivre.
Antoine avait attrapé la fièvre, cette fièvre qu'ont tous les chercheurs de trésors qui leur font perdre le manger mais pas le boire, qui leur font perdre le sens de réalités, qui leur font oublier qu'ils ont une femme et une famille . Antoine promettait à sa femme beaucoup de choses, même de remplir le puits du meilleur vin qu'elle aurait choisi elle même, lorsque fortune serait faite.
L'ouvrage de creusement avançait. Nuits et jours, Antoine creusait, la nuit les seaux de terre étaient dévérsés du côté de la Barbacane, le matin il dormait et l'après midi il creusait creusait, creusait.


chemins que devait probablement emprunter Antoine

Faut dire que son outillage était sommaire: une pioche, une pelle et une barre mine. Sa peau, ses cheveux avaient blanchis, les yeux hagards et cernés, il avait la force, certains soir, d'animer malgré tout, les soirées particulières à la Tête Noire. Gaston, le tavernier , un homme bon et jovial pensait que notre Antoine était bien malade , il n'y avait qu'à voir son jardin, autrefois magnifique, recouvert d'orties et de mauvaises herbes, Gaston régulièrement embauchait Antoine, dont il connaissait la discrétion, pour des soirées festives et surtout pour le dépanner et puis Colombe était malgré ses huit enfants encore jolie, il espérait qu'un jour peut être, elle viendrai le rejoindre dans son commerce.
Par une nuit sans lune, vous me direz que lune ou pas dans une cave ou un souterrain ça n'a guère d'importance, détrompez vous, les jours de pleines lunes Antoine était pris de convulsions, d'envies soudaines et Colombe devait être prète à subir les assauts d'Antoine qui tenait ces jours là des propos incorrects et orduriers à son oreille, des mots, pensait elle qu'Antoine devait entendre dans ce lieu de perdition dans cette auberge , à quelques mètres de leur maison. Il y rencontrait beaucoup de parentes, des cousines, disait-il, cousines que Colombe n'avait jamais vu
c'étaient des cousines lointaines venues pour faire des stages de perfectionnement, des stages de quoi? nul ne le savait.Il y avait des Françaises des Espagnoles, des Belges, des Italiennes et même des Portugaises, elles se ressemblaient toutes, plutôt grandes, bien carossées, la lèvre gournande et surtout de beaux yeux. Donc une nuit sans lune, à la lueur d'une bougie, Antoine se heurta à une maçonnerie conséquente, une maçonnerie faite de grosses pierres parfaitement taillées et alignées, il réussit à dégager une pierre, puis une autre encore une autre, ce mur devait bien avoir une épaisseur de plus d'un mètre cinquante . Antoine avait à présent la certitude que la chambre forte abritant le trésor des Wisigoths se trouvait derrière ce mur.

une des nombreuses recherches d'Antoine conservée jusqu'à nos jours. on se demande même si les fameux souterrains de la Cité n'étaient pas l'oeuvre d'Antoine dit le termite

Au petit jour ayant dégagé enfin une ouverture, il mangea un morceau de lard que Colombe gardait pour les grandes occasions, but un litre de vin rouge cacheté acheté chez un viticulteur vigneron voyageur du côté de Pennautier, appuyé sur la table, fatigué , exténué, il s'endormit bruyamment et ne se réveilla que lorsque Colombe revint de sa besogne journalière, certaines mauvaises langues disaient l'avoir vue sortir tous les vendredis matins( jour du poisson) de la Tête noire, les gens sont méchants. Sans prendre le temps de dire bonjour à sa femme ni d'embrasser ses enfants il dévala les marches vermoulues de la cave ayant la certitude d'avoir atteint son but. Pendant un moment il regarda, ce trou noir d'où se dégageait une forte odeur d'humidité, silencieux , sans bouger, dans sa tête défilaient des images de paillettes, de luxe, de mousseux, de pétillants de Limoux et de stras. Il se décida enfin de pénétrer dans ce passage, il rentra la tête puis une épaule il s'aperçut alors qu'il ne pourrait pas passer la deuxième épaule, il se retira donc de cette position et se réintroduit dans cette ouverture les deux bras tendus et en rampant avec beaucoup de difficultés, il arriva au bord du mur ses mains ne rencontraient plus d'obstacle ni en haut ni en bas ni sur les côtés. Les deux bras tendus dans ce trou sombre, sans lumière, il reçut un choc violent sur ses deux mains, allongé dans ce boyau de pierres il voulut se dégager le plus rapidement possible se heurta contre les parois avec sa tête, ses blessures le firent hurler de douleur et de terreur et ce cri fut amplifié dans ce lieu inconnu de lui. le voisins qui au grand puits allaient puiser de l'eau entendirent un cri épouvantable de bête monstrueuse sortir des entrailles de la terre, certifié par M. la Pialo del Plô et M.Escouilloun,attestant que les ménagères n'avaient pas rêvé.
Cassagnol resta allongé quelques jours ,le temps de penser en se pansant de ses blessures à établir un nouveau plan et une nouvelle recherche.
Au dehors, la rumeur grandissait, des journalistes venus des 4 coins de France, rodaient autour du puits pour espérer entendre ces cris horribles, ils n'avaient pas d'interprètes car les cris en occitan ou en français sont toujours des cris. Peu à peu la fièvre tomba, les badauds, les curieux, les scribes, les journalistes, partirent comme ils étaient venus et la place du Grand Puits retrouva son calme et sa sérénité. A présent guéri, Antoine bien qu' amaigri décida de continuer ses recherches tout en changeant de direction il continua donc son chantier, toujours le plus discrètement possible . Il ne voyait plus le jour, les volets de sa maison étaient toujours fermés,la lumière le faisait souffrir, tout le monde le savait malade étant donné la couleur de sa peau, ses yeux rougis et son teint blafard tirant sur le gris clair, peu à peu Cassagnol se faisait oublier on le pensait alité et le Dimanche matin à la Cathédrale Saint Nazaire tous les gens bien pensant, même les filles de la Tête Noire, au premier rang, avaient une pensée émue pendant l'office religieux pour ce pauvre Antoine. Mais c'était un obstiné, un têtu, un dur et sans relache il creusait, creusait , creusait.

Sa deuxième tentative fit qu'il se trouva dans la cave de l'aubergiste et qu'il prit l'habitude avant chaque expédition sous terraine de servir copieusement en liquide rouge en semaine, rosé et blanc le dimanche et plus il creusait, plus il avait soif et besoin de stimulant, il ne savait plus s'il buvait parce qu'il creusait ou creusait parcequ'il buvait, il était en état d'acoutumance , c'était son carburant. Gaston lui voyait le stock diminuer de jour en jour comme son chiffre d'affaire qui avait chuté de 30 pour cent , il ne comprenait pas, pendant qu'Antoine creusait, creusait, creusait trouvera -t-il le trésor de Wisigoths ???

*Sur le plan de la Cité (almanach des PTT) la rue en question est dénommée R.Adelaide de Toulouse.M. RIBA nous indique : de la place du Grand Puits vers l'ouest s'ouvre la petite rue de la paix connue en 1757 sous le nom de rue Traverse de Saint Jean.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

" Los Ciutadins " Une association, un blog pour la défense de notre patrimoine la Cité.
A vos claviers vos commentaires sont les bienvenus
Merci Anton de Ciutad