Grâce à la vente de la terre, Antoine Cassagnol était devenu un homme d'affaires et sa vie était un enfer. Assis confortablement dans un fauteuil voltaire, il fumait une pipe en écume bourrée, elle aussi, d'un tabac odorant, venu des Pays Bas, transporté par courrier spécial jusqu'au Grand Puits. Les volets étaient clos, seule la lumière d'une grosse bougie éclairait la pièce. Le menton appuyé sur la main droite, tel le penseur de Rodin, Antoine réfléchissait. Il devait sortir, marcher, évacuer ce stress, difficile d'être riche quand on a connu la misère, malaise. Ses voisins, ses voisines , ces pauvres gens , eux aussi ne sont jamais contents. 70 heures de travail par semaine, un jour de repos le dimanche avec l'autorisation d'aller à l'Estaminet de 11 heures à midi, pendant que femme et enfants vont écouter le sermon de leur curé que veulent ils donc de plus?
ils sont toujours entrain de se plaindre. Adolfi, le contre maître, pensait qu'il fallait réagir, ne pas attendre, sinon le pays courait à la catastrophe, car bientôt cette bande de fainéants demanderait les 40 heures et pourquoi pas les 35 heures par semaine. Ces petites gens qui parlaient Languedocien, ces perdants, ces vaincus, ces gagne petits, l'exaspéraient, lui avait un accent parisien à te crever un oeil, à l'évidence de tels propos n'étaient pas pour plaire à Antoine. Il sortit avec un cache nez, tissé par le meilleur Tisserand de la Cité, un bonhomme végétarien, un cathare probablement, le cache nez comme son nom l'indique cachait le nez et la moitié du visage, et de grosses lunettes noircies au feu d'une lampe à pétrole, pour protéger ses yeux fragiles, avec un pas de sénateur Romain, il se dirigea vers la cathédrale, pour se recueillir et parler avec Monsieur le Curé,
un homme avisé et de bons conseils. Arrivé devant la Taverne " aux deux chiens", il fut plaqué violemment au sol par deux gendarmes habillés de noir. Antoine ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait, face contre terre, lunettes brisées,les bras tenus fermement dans le dos un genou dans les omoplates, il avait peine à respirer, l'un des gendarme lui demanda son nom et lui rappela que le pouvoir des occupants français interdisait officiellement, sous peine d'une amende, le port d'une cagoule ou de tout autre objet dissimulant le visage. ces gendarmes vêtus de noir et cagoulés étaient impressionnants. lorsqu'il déclina son nom, les gens d'armes se répandirent comme des camemberts coulants de mille excuses.
Antoine fut ébranlé par cette altercation violente. Les tracassés chroniques de l'ordre nouveau français s'affirmaient de jour en jour depuis que le Bon Roy Louis avait imposé le port de cette jolie étoile à certains croyants, l'ordre régnait à la Cité .
Antoine commençait à regretter le bon vieux temps, les cours d'Amour, les soirées à la Tête Noire, son jardin, sa vie misérable et cependant digne, un oignon, une alancado, un verre de vin et c'était le bonheur. Profil bas, Antoine rejoignit son domicile, appela son notaire et céda toute ses actions , toute sa fortune à son aîné Antoine junior qui vivait dans la Bastide loin de ces rouges. il décida de se consacrer uniquement à la recherche du Trésor des Wisigoths, de son trésor et le soir même accompagné par son anesse Belleavoir, le ballet repris à travers les ruelles du Grands Puits. Antoine creusait, creusait, creusait. Persévérant, il trouverait bien ce fameux Trésor, parole de citadin.
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Merci Anton de Ciutad