Notre terrain de jeu préféré était bien entendu, les lices , c'étaient notre terrain de rugby dans le fossé enjambé par le pont levis, c'était notre espace de liberté où nous apprenions à jouer de l'harmonica, c'était notre espace de rêve où nous imaginions toutes sortes d'histoires, s'était l'endroit où nous connûmes nos premières amourettes, nos premiers émois, c'était notre refuge, notre cour de récréation, terrain de découvertes, de courses folles, d'escalades. il n'y avait personne pendant la semaine et très peu de touristes les autres jours, c'était notre propriété. Par contre le jeudi , ayant toute la journée devant nous,nous partions à la découverte du monde.
c'est ainsi que par une belle journée ensoleillée, chaude du mois de juin nous partîmes, 6 copains, à bicyclette, gravir le col du poteau.
Jojo était le seul à posséder un vélo Vap de couleur bleu- ciel, motorisé donc, même à 13 ou 14 ans avec les vélos en notre possession , monter le col du poteau relevait de l'exploit. Arrivés pratiquement au but, notre ami Jean Pitou eut une petite défaillance, pour l'aider , à sa demande, Jojo accepta de le remorquer. La main droite sur l'épaule gauche, la cuisse droite contre la cuisse gauche, le remorquage s'effectua sans trop de problèmes d'équilibre durant quelques dizaines de mètres, Jean Pitou put ainsi récupérer, mais un relâchement dans son attention fit que les deux pédales se rencontrèrent, jojo ayant été obligé de pédaler pour soulager son petit moteur de 50 cm3 , jean pitou se crispa et ce qui devait arriver arriva, il fit ce que l'on appelle un saut de l'ange, bras écartés pendant l'ascension, joints pour la descente. Plongeon effectué en deux temps :
1er temps ascension
2ème temps chute
3ème temps constat
Peu de bruit, pas de cri, consternation nous sommes arrivés sur les lieux quelques secondes plus tard et nous nous sommes occupés immédiatement de Jean Pitou, après avoir jeté nos vélos dans le ruisseau, qui le visage ensanglanté, debout était hébété, un peu sonné. je pris mon courage à deux mains et j' ouvris sa bouche , je constatais surpris que mon ami n'avait plus de dents, avec mon index je sentis que seule restait la gencive. Le prenant par la main, je descendis , pour lui nettoyer la bouche et la figure, dans le ruisseau coulant en contre bas.
Pendant ce temps Jojo et les autres à quatre pattes sur le macadam brûlant, recherchaient les dents.
Jean Pitou, arrivé au bord du ruisseau, trébucha et tomba dans l'eau, la noyade fut évitée par la faible profondeur du ruisseau.
Après un nettoyage consciencieux du visage, de la bouche, des narines, après avoir éssoré les chaussettes trempées, remis les chaussures humides,après avoir redressé le guidon du vélo et après un dernier regard vers le lieu de l'accident pour retrouver au moins une dent, nous décidames d'enfourcher nos vélos. Jean Pitou avait été d'un courage exemplaire, sans un cri, sans une larme entrepris une descente à tombeau ouvert, en tête du peleton.
Nous lui avioins conseillé de chanter sans arrêt pour oublier sa probable douleur et surtout pour nous sécuriser, nous ne pouvions pas évaluer sa souffrance ne disant mot, rien, nothing, nada. Tout le long du trajet, écoutant nos recommandations, il chanta une chanson de l'époque ce qui donnait à peu près ceci:
Ma feufi fe fé comme feau,fé, comme feau fifeu, oué ,oué, amé fous a attapeuhé.
Ces quelques mots furent répétés une heure durant jusqu'à la cité devant les restaurant familial. Dans la simplicité seul le Jules Thercule peut égaler ce chant, O combien répétitif , mettant en transe les participants, aux pupilles dilatées.Le plus dur restait à faire. le courage exceptionnel de mes amis ou bien mon inconscience, fit que je me retrouvais devant pour annoncer à la maman la terrible nouvelle.
Jean Pitou attendait devant la porte, je m'adressais ainsi à la mère: " Madame...........hésitation...........oui.............hésitation.............jean Pitou..........hésitation........plus de dents...............attente.................longue................"
Soudain la maman ayant réalisé la gravité de la situation répondit :" Mon Dieu va falloir qu'il mange des farinettes!!!!!!!!!" l'incident était clos et grâce à l'intelligence d'une maman, nous ne montâmes pas sur l'échafaud, je pense qu'aujourd'hui, si une situation semblable se produisait, nous n'aurions pas autant de clémence ni de compréhension.
A 13 ou 14 ans Jean Pitou eut un dentier qu'il apprivoisa rapidement et joua même, avec, pour amuser ses copains et copines mais ça c'est une autre histoire.
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