les années 50 c'était le temps où nous allions chercher des "poros" (des poireaux), dans les vignes, mes grands parents après en avoir ramassé une certaine quantité, les nettoyaient et en faisaient de petites bottes qu'ils vendaient pour quelques pièces à une épicerie. Au printemps on cueillait des asperges sauvages qui agrémentaient l'ordinaire et pour les fêtes de Pâques il était impensable de ne pas avoir une omelette aux asperges. s'ajoutaient à cela les salades dites sauvages, de la doucette, des fausses gerbes, des arucats, de la rouquette,des pissenlits, et du cresson que l'on trouvait dans un petit ruisseau pas très loin de la Cité.
Chaque saison produisait sa récolte, ainsi le grand père partait avec un grand sac de jute et revenait en fin de matinée le sac rempli de pignes de pins, que l'on mettait près du feu dans la cheminée ou le four de la cuisinière pour qu'elles s'ouvrent et libèrent ainsi les pignons. Pignons que nous cassions , sans toutefois toucher l'amande, fruit blanc et savoureux, par un petit coup sec et juste, ni trop ni trop peu, ce travail long et fastidieux en valait la peine, quel régal!!!d'autrefois c'étaient des amandes qui demandaient le même travail l'avantage de tous ces fruits secs c'est qu'ils pouvaient être conservés. d'autrefois encore c'étaient les champignons, des roussillous ( les lactaires délicieux) des pibouls ( champignons de peupliers) et surtout ce petits champignons gris dont j'ai oublié le nom, que la grand mère faisait sécher sous formes de colliers, un collier représentait la valeur nécessaire pour un ragout, la cuisson d'un lapin ou d'un poulet.
ces petits bonheurs de ramasser dans la nature, dans les rangs de vignes, une salade coupée précautionneusement avec son opinel, d'aller chercher dans la garrigue, après un orage d'été, ces escargots, petits gris, que l'on nettoyait, soignait et que l'on faisait jeuner jusqu'au jour d'une réunion familiale ou d'une fête , cette odeur, de la terre, de l'herbe mouillée emplissait nos narines de parfums inégalés.
Ces petits bonheurs faisaient partis de notre mode de vie, proche de la nature et nous tenaient à coeur. Nous n'en parlions jamais,mais nous le vivions intensément.
La machine du temps ne s'était pas encore emballée, le temps semblait immense, plein et éternel. Nès à l'heure de l'informatique, de la téléphonie, des avions supersoniques, les jeunes n'éprouvent rien de semblable. L'arrivée d'une technique nouvelle, de progrès, modifie , surplante, enterre, enseveli d'une couche épaisse nos comportements, nos modes de vie, nos coutumes, cette société rurale aujourd'hui disparue, où tous nos sens( odeurs, gouts etc..) fonctionnaient, était notre base solide sur laquelle nous nous sommes construits, dans le respect des choses, de la nature, de la vie.
Dès l'école primaire, en début de matinée notre instituteur écrivait sur le tableau, tous les jours sans exception 1er point morale, 2ème point calcul, 3ème point Français,l'après midi Leçon de Choses, Histoire ou géographie et une fois par semaine chansons, nous apprenions la marseillaise, et d'autres chants se rapportant à la nature. La poésie aussi, avait une place importante. Nous avions un cahier de poésie sur lequel nous recopions des poèmes que nous illustrions avec des crayons de couleurs, c'est le seul cahier où nos taches d'encre, n'étaient pas effacées mais transformées avec quelque pétales colorés , une tige et deux feuilles, en jolies fleurs et certains cahiers étaient particulièrement fleuris.
Cette morale inscrite dès le début de la matinée sur nos cahiers et commentée, Républicaine, Laïque était la copie conforme de la Morale Chrétienne, aucune différence et le pain d'un croyant ou d'un non croyant était signé avant d'être coupé et retourné si posé à l'envers sur la nappe cirée de la table de la cuisine et surtout O grand jamais, on ne jetait pas un morceau de pain.
Faut il pour cela revenir à la lampe à pétrole ?
Avant la perte de la glacière et l'arrivée du frigo, la perte de la TSF et l'arrivée de la Télévision, de la voiture, le temps avait un sens. Aujourd'hui on a plus le temps, de naturelle la marche est devenue un sport, tout s'accélère, vite très vite, on a plus le temps d'admirer au détours d'un chemin un lilas odorant, on a plus le temps de parler simplement de " vive voix" à un ami, les messages sont codés, simplifiés à l'extrême, on communique par SMS, on a plus le temps d'écrire, de prendre plaisir à écrire un mot, une carte postale, une lettre, on a plus le temps de regarder, d'observer les oiseaux , les corneilles peuplant nos tours, d'écouter la nature, on a plus le temps, vite ,vite, vite c'est l'heure. Et le retour en arrière à un mode de vie différent est impossible sinon utopique, chaque progrès enterre irrémédiablement un mode de vie et les hobbys (?) n'y changeront rien. Les nouveaux jardiniers du Dimanche retrouveront-ils ces sensations, ces odeurs, ces gestes, ces connaissances séculaires sur la nature, acquises patiemment avec le temps et aujourd'hui disparues???Le désherbant a remplacé le sarclage méticuleux, des granulés de couleurs ont remplacé le crotin de cheval ( d'où cette célèbre chanson:
viens avec moi,ramasser du crotin,
nous partirons avant que le jour se lève,
viens avec moi ramasser du crotin,
nous partirons le petit seau et la pelle à la main,
petits oiseaux , seaux, seaux qui mangeaient
du crotin,tin, tin
petit oiseaux, seaux, seaux,
ne vous envolaient pas, pas, pas,
petits oiseaux , seaux seaux,
si vous vous envolaient laient laient ,
Petits oiseaux seaux, seaux,
le caca resterait .....
d'autres granulés ont remplacé la cendre , pour protéger ces plants des limaces voraces. le jardinier du Dimanche n'a plus le temps d'attendre, la nouvelle lune, le mois le jour, la bonne période, le jardinier du dimanche n'a plus le temps d'écouter la terre, la sentir, la palper, la triturer il faut absolument porter de gants et vite se laver les mains. A l'heure où le camembert va porter sur sa boite circulaire la mention produit dangereux, où l'on va faire du vin rosé avec un mélange de rouge et de blanc à cette heure nous pouvons nous poser des questions ???
mercredi 15 avril 2009
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d'abord on écrit "crottin" et non "crotin", ensuite la fin de la chanson est:
RépondreSupprimerSi vous vous envolez, lez lez,
Petits oiseaux, seaux, seaux,
Le crottin restera.
Je viens de tomber sur cet ancien article, le champignon gris est le "marasme des oreades" que chez moi (catalan) nous nommions "courioulettes" et que la majorité appelle "faux mousseron"
RépondreSupprimerAmitiés Claude Marty