Pour décrire notre pays je n'aurais besoin que de trois mots essentiels : la Vigne ( la terre), La Lumière (le soleil), le Vent( l'Air).
Aujourd'hui nous parlerons de la vigne qui a fait et modelé non seulement le paysage d'une grande partie de l'Aude mais également permis l'installation d'une population laborieuse venue d'Espagne qui a véritablement colonisé certaine villes comme Limoux, Lézignan et Carcassonne. Claude Marty parlera des " petites Espagnes" des quartiers habités par une majorité d'Espagnols.
venus de toute l'Espagne, à la recherche d'un bien être, d'une liberté qu'ils avaient perdus en participant à tous les travaux particulièrement difficiles et pénibles que la terre d'accueil offrait, mais aussi en participant activement dans les maquis, les armes à la main lorsque celle ci fut menacée. leur intégration fut l'affaire d'une génération.
Notre ami citadin, JCLoupia en parle ainsi:
Pendant de nombreuses années, les vendanges représentaient une activité saisonnière importante et dès l'adolescence , on allait" faire les vendanges" accompagné d'un adulte, donner un coup de main aux cousins de la région voisine,où la récolte était plus précoce. c'était l'occasion de se retrouver en famille, les cousins et les cousines . Il venait aussi beaucoup d'Espagnols qui avaient un contrat (?) pour la durée des travaux. Ils étaient logés tant bien que mal et s'accommodaient facilement. ils allaient d'une région à l'autre en remontant vers le nord et revenaient chaque année chez les mêmes viticulteurs. Parfois des liens amicaux se nouaient entre ces ouvriers agricoles et les viticulteurs, qui se recevaient entre familles. Ils arrivaient en train , familles habitant le même village avec de grosses valises de carton ficelées ainsi que des sacs fait de vieux chiffons ou draps avec de la nourriture qui leur permettait d'économiser un maximum, parfois le propriétaire leur fournissait un sac de pommes de terre. Ces gens étaient appréciés car bons travailleurs....
l'équipe formée s'appelait "une colle"à chaque rangée de vigne deux coupeurs, un de chaque côté, dans la rangée, le porteur chargeait les seaux de 4 personnes. c'était parfois difficile car les petites gens appuyaient leur seaux sur le bord de la hotte pour les y verser, le porteur étant parfois obligé de se baisser, très lourd lorsqu'il s'agissait de cépage aramon avec de grosses grappes juteuses et que la benne ou la comporte étaient éloignées. Pour toutes ces raisons le porteur avait un salaire supérieur au coupeur et un litre de vin de plus soit 4 litres journaliers. pour entrainer ces équipes qui pouvaient atteindre un vingtaine de personnes, il y a avait un mousseigne qui menait le rythme, toujours en tête, jamais on ne la dépassait. cette personne pouvait, dans les grosses propriétés, être la femme du régisseur ou d'un salarié de l'exploitation en qui le patron avait toute confiance. une autre équipe elle, transportait la vendange à la cave , généralement composée des ouvriers de l'exploitation ou d'une personne unique le patron lui même. dans les vignes il y avait toujours de l'ambiance certains chantaient, d'autres racontaient des histoires savoureuses en occitan, certains jeunes essayaient d'apprendre la langue de Cervantès, mais tout le monde arrivait à se comprendre entre Occitan et Espagnol deux langues qui se ressemblent . on trouve de moins en moins, car très âgés, de ces Espagnols venus travailler la terre et pour un tas de raisons ayant pris souche dans cette terre d'accueil, qui parlent encore une langue composée de patois, de Français et d'Espagnol. il en était de même mais en proportion moindre pour les Italiens eux aussi travailleurs infatiguables . Selon les exploitation il pouvait y avoir une pause déjeuner vers les 9 heures, ou chacun apportait sa pitance, certains accompagnait le fromage de table avec du raisin, d'autres una ceba, un tros de pan et un cop de vin, d'autres une alencado, espèce de sardines séchée à l'odeur assez forte comme les Espagnols les apprécient. On en trouvait partout dans les épiceries du village, bien rangées dans des caisses de bois rondes, sur plusieurs épaisseurs. un coup de vin et luxe suprême un petit café et la colle repartait allègrement. les journées étaient parfois très chaudes mais le plus pénible c'était lorsqu'il pleuvait, la terre collait aux chaussures, aux fonds des seaux qui devenaient de plus en plus lourds, les années de pluies pour avancer il était nécessaire de mettre des planches dans les rangées, et se protéger avec des sacs d'engrais transformés en imperméables. et malgré tout, lors qu'arrivait la fin des vendanges, malgré le temps, la fatigue avait lieu la fête appelée le Diou Va Vol, fête organisée par le patron qui payait un repas à tous ses employés pour les remercier.
et beaucoup plus technique:
Le chantier des vendanges était organisé selon l'importance de l'exploitation et de l'agencement de la cave. Le porteur versait le raisin dans des comportes en bois ( avant les vendanges on mettait les comportes à l'estanc, on les remplissait d'eau pour les rendre étanches, le raisin était tassé dans la comporte, ce qui les alourdissait sérieusement, deux hommes étaient indispensables pour les charger sur la charrette qui avaient des ridelles spéciales pour les élargir. Les hommes prenaient de l'élan et à la une....à la deux.... et enfin à la trois. la comporte était chargée, Quelques fois on chargeait sur deux niveaux, fallait que les chevaux soient solides vaillants et forts car le poids total ainsi transporté pouvait atteindre deux à trois tonnes. Arrivés à la cave les comportes étaient élevées grâce à un treuil et vidés dans la cuve,. Certains exploitants avaient des tombereaux munis d'une bache intérieure étanche et vidaient directement dans les cuves lorsqu'ils pouvaient directement y accéder par le dessus. A la vigne suivant le terrain les comportes étaient installées en fin de rangées et les coupeurs y vidaient directement leur seaux ensuite à l'aide de pals, pieux plus ou moins ronds de 2 mètres de long deux hommes amenaient les comportes ( munies de deux poignets soit en bois soit en métal) à la charrette.parfois des brouettes spéciales qu'un seul homme pouvait mener servait au transport de ces comportes. Il arrivait quelques fois que la trappe de la cuve étant éloignée il faille tirer ses lourdes comportes sur plusieurs mètres le sol ayant été préalablement mouillé pour faciliter la glissade. d'autrefois , pour hisser les comportes un palan était utilisé, tiré par un cheval qui reculait avançait autant de fois que nécessaire. plus tard les comportes en bois furent remplacées par des caisses en plastique beaucoup plus lègères et on ne tassait plus le raisin à cause de l'oxydation du jus. le palan et le treuil ont été remplacés par le foulo-pompe qui était au sol, la vendange était vidée dans cette machine qui envoyait par un tuyau le raisin écrasé dans les cuves. Actuellement des pompes à vendanges beaucoup plus sophistiquées et n'écrasant pas les grappes sont utilisées. Cependant, certains vignerons continuent la vendange manuelle avec les comportes vidées dans les cuves ceci pour obtenir une macération carbonique des raisins. Certains le font par choix, d'autres par obligation dans certaines appellations (la blanquette de Limoux par exemple).
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