samedi 30 mars 2019

Caïus Julius Niger et Sans Morlane



Un grand merci à
 JP Oppinger  qui a eu la gentillesse de me  faire parvenir une étude afin que tous les amis de la Cité, les lecteurs du blog " Los Ciutadins" et tous les chercheurs autodidactes passionnés puissent profiter de ce travail important sur un soldat de Carcassonne à l'époque Romaine et d'un Archidiacre Majeur de l'Evêché au 13ème siècle.




Caïus Julius NIGER et Sans MORLANE

Deux fils de Carcassonne mal aimés ?



En 1769, ce cippe fut trouvé sur le site d’un ancien camp romain près du village de BRETZENHEIM en Allemagne, pas loin de MAYENCE sur le Rhin dans le Palatinat, région allemande avec beaucoup de souvenirs français du temps de Louis XIV …mais ce cippe est beaucoup plus ancien, daté du premier quart du Ier siècle et il faut se donner la peine de déchiffrer l’inscription pour comprendre son intérêt pour la Cité. N’appartenant pas à la communauté des scientifiques j’ai demandé de l’aide au Musée de Mayence qui abrite ce trésor (n° d’inventaire : S 122).

Voici l’épitaphe (témoignant d’une certaine culture littéraire) :


Inscription dans l’original :
C IVLIVS C F VOL
CARC NIGER MI
LES LEG II ANNOR
XXXXV AER XVII
H           S            E
HOSPES ADES PAVCIS ET PERLEGE VER
SIBVS ACTA AETERNVM PATRIAE HIC
ERIT IPSA DOMVS HIC ERIT INCLVSVS TVMV
LO HIC IVLIVS IPSE HICS CINIS ET CARO COR
PORE FACTVS ERIT CVM MEA IVCVNDE
AETAS FLOREBAT AB ANNIS ADVENIT FATIS
TERMINVS IPSE MEIS VLTIMVS IPSE FVIT
XXXXV ANNVS CVM MIHI FATALIS VE
NIT ACERBA DIES HIC EGO NVNC COGOR
STYGIAS TRANSIRE PALVDES SEDIBVS AETER
NIS ME MEA FATI TENENT ME MEMINI CAE
LIA NATVM CAROQUE PARENTE ET MILES COLLO
FORTITER ARMA TVLI GAVDIA CRVDELIS TRI
BVIT MIHI NU INCVLTOS ARTVS TER
RA CINISQUE C IVLIVS COGNATVS
MILES LEG II ...


Les Romains travaillant beaucoup avec des raccourcis pour réaliser leurs inscriptions il faut compléter le texte, ce que je fais ici avec les cinq premières lignes au centre de notre intérêt :



C(aius) IVLIVS C(aius) F(ilius) VOL(tinia tribu)

CARC(asone) NIGER MI
LES LEG(ionis) II ANNOR(um)
XXXXV AER(orum) XVII
H(ic) S(itus) E(st)

Nous avons découvert le mot CARCASONE et maintenant nous voulons bien en connaître la signification, voilà donc la traduction :

Ici repose Caïus Julius Niger, fils de Caïus de la tribu des Volques de Carcassonne, soldat de la 2° légion, mort à 45 ans après 17 ans de service.
Voyageur, attarde-toi et regarde les quelques lignes gravées ici. Car ici même sera pour l’éternité sa demeure ; ici, Julius lui-même sera enfermé dans le tombeau, ce corps bien-aimé deviendra cendres.
« Javais atteint la fleur de l’âge quand sonna le glas de mon existence. Ma quarante-cinquième année fut ma dernière lorsque arriva pour moi ce jour fatal et amer. Et me voilà contraint de traverser les eaux du Styx où le destin m’a assigné domicile éternel. Je me souviens être né de Caelia et de mon cher père ; et, comme soldat, j’ai toujours vaillamment porté les armes. Une cruelle jeunesse ne m’a accordé aucune joie, et à présent mes membres défigurés sont enfouis au sein de la terre et des cendres. »
Caïus Julius, son parent, soldat de la 2° légion


Puisque ce cippe est le seul document lapidaire qui nous indique le nom de la tribu à laquelle appartenaient les habitants de Carcassonne à l’époque, nous devons être reconnaissant à Antonin CROS MAYREVIEILLE (fils de Jean-Pierre) qui, lors d’un voyage aux bords du Rhin, a fait exécuter le moulage sur la photo suivante, moulage que l’on peut trouver aujourd’hui au musée lapidaire de la Cité.



 Avez-vous vu ce moulage lors d’une de vos visites au château ? Non ? Alors il n’a pas une place d’honneur, aucune plaque explique son importance ; il est juste là, dans un coin entre les autres pierres…faut le chercher !


Sources :
- Congrès archéologique de France LXXIII° Session tenu à Carcassonne et Perpignan en 1906 ; p.260 « Le Soldat de Carcassonne » A. HERON DE VILLEFOSS, AD 11 770 9448 CON
- SESA, Mémoires, tome III, deuxième série, 1907, pp. 216 -219


Et cette pierre tombale, la connaissez-vous ?




C’est la pierre tombale de Sans Morlane dans la Basilique st Nazaire
encastrée dans la muraille près la porte ste Anne ou porte des Morts (50x70 cm).

Qui était Sans Morlane ?
On est surpris de voir apparaître dans les registres de l’Inquisition des officiers royaux, et même l’archidiacre majeur de l’évêché, Sans Morlane. Celui-ci joua, de connivence avec les consuls, un rôle central dans un complot visant à détruire les archives de l’Inquisition en 1284.
Je laisse Suzanne NELLI, l’épouse de René, vous informer sur la famille Morlane :
« Les Morlanes appartenaient à une famille très considérée de la haute bourgeoisie qui entretenait de bons rapports avec la noblesse. On peut la suivre dans les documents du XII° siècle jusqu’au commencement du XIV° siècle. Avant la croisade ils vivaient dans l’entourage des Trencavel. En 1181, un Arnaud Morlane avait signé comme témoin une charte passée entre Sicard de Lautrec et le vicomte Roger. En 1191, il est encore témoin du serment de la noblesse des vicomtes de Carcassonne et de Béziers au fils de Roger. Guillaume Arnaud Morlane, peut-être son fils, avait signé trois actes du 24 août 1215 entre Simon de Montfort et l’abbé de Lagrasse, et en février 1224, il est témoin de l’acte de Trencavel qui donnait ses biens au comte de Foix. Un Sans Morlane, chanoine, très vraisemblablement le futur archidiacre de Carcassonne, est témoin au dénombrement des fiefs du comte de Foix en 1263.
Le personnage le plus éminent de la Famille était Sans Morlane. Il avait représenté le Chapitre de Carcassonne à l’assemblée des états de la sénéchaussée en 1271 à Béziers, il devient procureur épiscopal, administrateur du diocèse. Son frère Arnaud était recteur de Pennautier. Leur famille avait eu des rapports avec l’hérésie. Leur père, à sa mort, avait reçu le consolament, leur mère avait fréquenté les parfaits. Les deux frères, inquiets des conséquences que cela pourrait avoir auprès de l’Inquisition, car à cette époque, vers 1256, ils avaient des cures dans le diocèse –révocation possible et privatisation de leurs bénéfices ecclésiastiques- écrivirent au pape Alexandre IV à propos de leur mère défunte qui, bien que s’étant laissée abuser par l’hérésie, avait reçu le Viatique de son curé et avait été enterrée en terre chrétienne, en le suppliant de pourvoir à cette fâcheuse réputation. Répondant à leur demande le pape, par une bulle du 14 octobre 1256, déclarait que malgré le crime d’hérésie de leur mère, ils conserveraient leurs cures et leurs bénéfices, et que l’inquisition ne pourrait rien contre eux.
Dès lors, ils purent poursuivre leur carrière ecclésiastique en toute tranquillité, en restant secrètement unis aux partis de l’hérésie. »
Le complot de 1284 contre les archives de l’Inquisition à Carcassonne.
En automne 1284 il y eu un complot visant à voler et détruire les archives inquisitoriales, dans lesquelles étaient notés tous les noms de suspects d’hérésie ; de ce fait, toute la population vivait dans une frayeur permanente.
A ce complot auraient participé l’archidiacre majeur de Carcassonne, Sans Morlane, comme agent principal, des notables de Carcassonne ainsi que les habitants de la contrée environnante, trente-cinq personnes au total, dont onze consuls.
Le complot échouait lamentablement et si les conséquences pour les autres participants à ce complot étaient graves, Sans Morlane ne fut pas inquiété ; il avait de la chance, le pape Honorius IV le soutenait à son tour. Il jouit même jusqu’à sa mort d’un considérable prestige dans la ville de Carcassonne et dans le diocèse.
Après sa mort en 1311 il fut enterré dans la cathédrale de la Cité, ou j’ai trouvé sa pierre tombale, elle aussi sans aucun indice utile.



Et voici son épitaphe :




En octobre 2012, j’ai pu réaliser la traduction (difficile à cause des abréviations pas classiques mais propres à l’église catholique) avec l’aimable soutien de Monsieur Georges BRUYERE, archiviste diocésain de l’Evêché Carcassonne-Narbonne :

CI GIT LE SEIGNEUR SANS MORLANE, NAGUÈRE ARCHIDIACRE DE LA SAINTE-MARIE DU BOURG NEUF, NOMMÉ PAR LA SUITE AUMONIER DE CARCASSONNE À CAUSE DE SON DEVOUEMENT*, QUI DÉCÉDA LE X JOUR AVANT LES CALENDES DE SEPTEMBRE (= 23 AOÛT) EN L’AN DU SEIGNEUR 1311. QUE SON ÄME REPOSE EN PAIX. AMEN

Sources :
- DENISOVA, Ekatarina : La « rage carcassonnaise » (1295-1305) et ses acteurs. 2011
- NELLI, Suzanne : Sans Morlane, archidiacre de Saint Nazaire de Carcassonne « qui fut l’âme » du complot de 1284-1285, ourdi avec les consuls pour dérober les registres de l’Inquisition. Extr. de : « Hérésis », n°32, [2000] P. 37-52
- ROCHE (Julien), Une Église cathare : l'évêché du Carcassès. Carcassonne, Béziers, Narbonne, 1167-début XIVe siècle, Cahors, L’Hydre, 2005, p. 385.

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Un soldat de Carcassonne, qui meurt loin de sa patrie en défendant les frontières de l’Empire, seul Carcassonnais connu de l’époque romaine de la Cité,

un archidiacre majeur de l’évêché de la Cité, qui ose affronter le zèle meurtrier des Inquisiteurs, ce sont quand même des personnages éminents dans l’histoire de Carcassonne.

Ne trouvez-vous pas qu’ils auraient mérité un peu plus de considération de nôtre part et cela aussi par la mise en valeur de ce qui nous reste comme souvenir matériel de leur existence ?











samedi 23 mars 2019

Réunion le 20 mars 2019



Le 20 mars 2019, le jour du printemps, les Ciutadins se sont réunis dans leur salle appelée Salle François Cadene.


 Ils en ont profité pour fêter l'anniversaire de Michèle née un 19 mars qui apprécia le bouquet de roses rouges offert.


Après un apéritif dînatoire composé de charcuterie, du saucisson en passant par le boudin, la saucisse de foie, le saucisson à l'ail, le pâté de tête, le pâté de foie de volaille ainsi que des tartes à l'oignon, la tarte aux asperges, une pissaladière (oignon et anchois) et quiches le tout arrosé par les vins rosé et rouge de la Fontaine Grande et pour terminer cet apéritif aux allures de repas.....


des crêpes préparées avec amour par les Ciutadines, agrémentées de confitures variées et de crème chantilly, le tout suivi d'une petite blanquette de Limoux.


 Après ce repas riche en calories, comme souvent à la Cité, Jean Henri nous a chanté une chanson vantant les charmes de l'Aude.( Toi mon Pays de l'Aude David Corry)
Le seul bémol de cette soirée fut l'absence d'Aline et de Robert, piliers de notre association. Robert est actuellement en convalescence. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement et à bientôt pour nous ravir avec toutes les blagues que lui seul connait.


jeudi 21 mars 2019

Galerie de portraits Citadins

Les Citadins se souviennent........

Mardi 30 janvier 1990 dans le Journal la Dépêche du Midi paraissaient des photographies de Roger Garcia et des textes de Bernard Mathieu


mercredi 20 mars 2019

Lices hautes




De la tour Wisigothe à la Tour de l'Inquisition le sol s'est  affaissé 


Les lices hautes ont été recouvertes de galets avec un caniveau central du plus bel effet et tant pis si on ne respecte la vérité historique!!! par temps de pluie les visiteurs apprécieront de ne pas patauger dans des flaques qui jalonnent en particulier cette partie des lices. 






lundi 18 mars 2019

Pavage des rues


Les travaux de la rue Trencavel et de la rue du petit Puits continuent, après les canalisations vient le temps du pavage de ces rues longtemps oubliées.




La première partie de la Rue Trencavel  a été pavée de la rue du Plô à l'angle de la rue du Petit Puits.







Le pavage de la rue du Moulin d'Avar est terminé, il ne manque plus que la patine du temps pour que ce soit plus beau et moins artificiel face à ce mur antique.




samedi 16 mars 2019

Modification de la Tour du Moulin du Midi


La Tour du moulin du midi

Je voulais faire profiter tous les lecteurs du blog Los Ciutadins de cette étude, cette recherche de notre ami JP Oppinger, être passionné par tout ce qui concerne ce monument unique au monde.







Compte rendu de mon contact avec
la Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine (MAP)
11 rue du Séminaire de Conflans
94220 Charenton-le-Pont

J’ai envoyé ma demande d’information concernant « l’amputation » de la tour du moulin du Midi le 06 mars par mail à la MAP.
Continuant dans mes recherches, je suis tombé via +le site de l’Académie des arts et des sciences de Carcassonne (https://fr-fr.facebook.com/arts.et.sciences.carcassonne/) sur un autre site :




Construction du théâtre de la Cité Juillet 1973©Michel Hermite 40797607_10216090241716150_7552328806057377792_n

Donc en juillet 1973, la tour avait encore deux étages au-dessus du chemin de ronde.
Et cela colle parfaitement avec les informations de la MAP que j’ai reçues le 12 mars :



1) Si on regarde les photographies en ligne, la tour du Moulin du Midi présente bien deux étages en 1902 et 1931.






2) Les modifications pourraient avoir été faites en 1970-1972, au moment de l'installation du théâtre de la Cité par l'architecte Michel Hermitte.

3) Il faudrait vérifier les dossiers d'archives correspondant pour comprendre la raison de ces transformations : 0081/011/0015 et 0016.

4) Il faudrait également vérifier les procès-verbaux de la commission des Monuments historique qui a dû accepter ces transformations : 0080/015/0049 à 0051.

TOUS CES DOCUMENTS NE SONT, MALHEUREUSEMENT, PAS NUMERISES ET DONC PAS ACCESSIBLES EN LIGNE !


Monsieur Jean-Charles Forgeret, le responsable des archives, avait toutefois la gentillesse, de me photographier (qualité excellente, qui permet d’agrandir et lire la date !) des plans* de Monsieur Michel HERMITTE, l’architecte en chef des Monuments historiques au moment des transformations.






(la tour possède encore un bout de la tourelle, maladroitement accroché et jamais réalisé)

L’intention d’amputer la tour d’un étage est donc née entre décembre 1970 et août 1972, l’exécution a eu lieu après juillet 1973.




A la fin (provisoire, comme j’espère) de cette recherche je voudrais insister sur la chance que j’ai eu de tomber partout sur des personnes particulièrement ouvertes et prêtes à aider un « amateur  » dans sa recherche, commencé par Mme Jeanjean de l’administration « Château et remparts de Carcassonne » qui m’a mis « sur les rails » en passant par Mme Tuset de la Conservation Régionale des Monuments Historiques à la Direction régionale des affaires culturelles Occitanie jusqu’à Monsieur Forgeret de la Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine. Un grand merci à ces personnes, qui m’ont encouragé de poursuivre mes recherches sur la Cité de Carcassonne …

         J.P. OPPINGER

CAZILHAC xx mars 2019






mercredi 13 mars 2019

Article de presse


Dans le journal l'Indépendant a paru cet article le 10 mars 2019. Il me semblait intéressant de le mettre sur notre blog " Los Ciutadins"