mardi 23 juillet 2019

La Garde et la défense de la Cité 2




Texte de JP Oppinger


La garde et la défense de la Cité

2/ Les débuts dans la Cité royale

Les châtellenies des Trencavèl s’éteignent après la prise de la Cité par les Croisés en 1209 ; les estagers du vicomte montrent bien moins d’attachement à leurs nouveaux maîtres, les envahisseurs du Nord.



Blanche de Castille et Louis IX décident donc de créer à Carcassonne une MILICE ROYALE, mercenaire et permanente, de 220 hommes placés sous les ordres d’un connétable (constabularius), domiciliés toute l’année dans la Cité. Les recrues doivent avoir les aptitudes nécessaires pour être « bon arbalestrier, bien tendant et traiant arbalestre, et bien souffisant au dit office ».
Les premiers sergents occupent la tour de la Vade (leur quartier général) dès 1245.

Il semble que, durant tout le XIII° siècle, les recrues originaires des provinces du Nord sont beaucoup plus nombreuses que l’élément local ; les nouveaux maîtres n’ont pas trop de confiance dans la population occitane…

Des mandements royaux de 1286 concernent les nominations à des sergenteries de Carcassonne. Le roi peut pourvoir à une vacance entraînée par la démission ou la mort d’un titulaire ; il peut également destituer un sergent indigne et le remplacer par un homme de son choix.
Les lettres de provision sont établies sous forme de mandement et scellées d’un sceau pendant ; elles sont remises directement au bénéficiaire qui les présente lui-même au sénéchal chargé de les exécuter.
Le plus souvent, les brevets de sergents énoncent expressément l’affectation des titulaires ; parfois cependant, les termes du mandement sont élargis pour faciliter au sénéchal de donner satisfaction à un favori du roi, quelle que soit au même moment la situation des effectifs.
Et il semble que Louis IX surveillait de près l’ordre des mutations. Vers 1254, il avait enjoint au sénéchal de Carcassonne de réserver à son protégé, Senebrun de Darne, la première solde journalière de douze deniers tournoi qui viendrait à être disponible à la Cité. Le sénéchal, ayant omis d’obéir, se vit infliger un sérieux avertissement…

Le connétable tient sa commission du sénéchal agissant comme délégué du roi. Il réunit dans ses attributions l’autorité sur la milice et la haute main sur l’organisation intérieure de la défense, depuis l’entretien des fortifications jusqu’au détail de l’armement et au service des approvisionnements (G. Besse le désigne comme « chef de guerre et capitaine de ville »). Comme « Lieutenant du sénéchal », le connétable participait au gouvernement militaire de la sénéchaussée.

Sous l’autorité du connétable, les sergents d’armes assurent la garde de la Cité. Leurs obligations de service sont finalement définies par un règlement du XIV° siècle dont les dispositions se trouvent dans un mémoire de 1483 (surement influencé par la règlementation des châtellenies).

Ce corps participe aussi aux festivités de la Cité. Durant la fête du Papegay (occitan : perroquet), les sergents participent à un concours de tir à l’arc devant la tour de la Vade. Pour la Saint-Louis (25 août), les mortes-payes assistent à la messe en l’église Saint-Sernin et reçoivent leur solde devant la tour du Tréseau.



« Les mortes-payes »              

La fête du Papegay et une procession où l’on distingue les mortes-payes en armes juste derrière l’évêque.


Viollet le Duc, qui a visé cette époque dans sa restauration, nous donne, dans son élan romantique de faire ici aussi le maximum, un nombre des « hommes strictement nécessaires pour défendre la Cité » de 1323 (détails voire Viollet le Duc « La Cité de Carcassonne », Bélisane 2004, p.74 ; il attribue déjà 20 hommes à chaque tour).  En temps de crise, le roi devait envoyer les renforts nécessaires, comme il l’avait fait en 1240. Il fallait bien les hommes pour servir les tours des deux enceintes, les barbacanes, les courtines, les portes et l’enceinte du château.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

" Los Ciutadins " Une association, un blog pour la défense de notre patrimoine la Cité.
A vos claviers vos commentaires sont les bienvenus
Merci Anton de Ciutad