samedi 14 mars 2015

Jeanne la Noire



Photo Alain Pignon


La famille Fornier fut la propriétaire de la Manufacture Royale de la Trivalle pendant près d'un siècle de 1714 à 1812. Les ouvriers de cette manufacture habitaient pratiquement tous dans les vieilles maisons de la Cité et des faubourgs de la Trivalle et de la Barbacane.
En 1789, suite à une retentissante faillite, le dernier des Fornier  prend la fuite en laissant près d'un millier d'ouvriers sur le carreau, affaiblis et sans ressources.
Des convois de blé provenant des riches plaines lauragaises  utilisaient le canal du midi pour rejoindre le Bas Languedoc. Ils furent plusieurs fois pillés en 1773.74.89 et 1790.

Archives Nationales

Les habitants de la Cité se trouvaient en premier ligne de la révolte, des émeutes et des pillages.
Les menaces devenaient de plus en plus virulentes et les émeutiers échappaient à la répression en se réfugiant dans la Cité et en fermant les portes si bien que le Directoire demanda au Roi et à l'Assemblée Nationale la démolition des murs de la Cité le 27/09/1790.
Pour calmer le jeu, les pouvoirs publics furent obligés à des distribution de blé à bas prix mais en 1792 devant la forte augmentation du prix du pain, les populations villageoises, des faubourgs Carcassonnais et de la Montagne Noire, bloquèrent le Port du canal du Midi de Carcassonne, au niveau du Pont Rouge. Le ton monta entre les autorités et les manifestants, le procureur Verdier tergiversa et la foule armée et impatiente s'enflamma,  pilla des maisons, vida les péniches de leur contenu.
Pendant l'émeute, Le procureur Verdier fut assassiné.

Gravure tirée de la revue Mosaïque du Midi 1840.

Jeanne Establet, dite Jeanne la Negro à cause probablement de la couleur de sa peau, de son teint mat et basané, était la coupable idéale. Elle fut accusée d'avoir pris la tête du soulèvement populaire qui bloqua le canal, mis à sac la ville et provoqua la mort du procureur-syndic Verdier.
Reconnue coupable par le jury elle fut condamnée à mort avec ses deux gardes du corps, Jean Chanard, journalier et François Boyer dit Paillasse, jardinier.
Ils furent exécutés par décapitation sur la place des Halles au mois de décembre 1792.


L’exécuteur des hautes œuvres , habitait une maison située dans une tour ronde élevée au dessus de l'angle du rempart et bastion au levant de la ville basse de Carcassonne (bastion de la Figuière) à l'angle des boulevards Omer- Sarraut et de la Préfecture. Le bourreau touchait 25 livres par mois et chargé de balayer la place royale, il recevait une petite redevance des marchands qui s'y établissaient pour le marché.

Conclusion :
Pendant la révolution Française le Département de l'Aude n'a pas été, semble-t-il des plus virulents.
Cette émeute fut probablement la seule d'une telle intensité et d'une telle violence.
Elle secoua toute la ville et la population Citadine la plus touchée par la crise et par la misère en fut probablement le fer de lance.
Quelques décennies plus tard la démolition systématique des maisons vieilles de plusieurs siècles, pour des raisons d’esthétisme, laisse un petit goût amer et un doute subsiste.
Il ne faut pas oublier que le nom des rues baptisées rue Diderot ou rue Garribaldi furent débaptisées.












2 commentaires:

  1. Une page d'Histoire intéressante et peu connue,merci pour le partage !
    Bises

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  2. Jeanne la Noire, née vers 1736 à Caux-et-Sauzens, Aude), guillotinée le 27 décembre 1792 à Carcassonne (Aude) ; journalière. Victime de la misère, elle participa aux grandes émeutes audoises de la faim de l’été 1792. Marginale à la vie scandaleuse, elle fit un coupable idéal et l’une trois victimes de la Réaction dans l’Aude. Des fictions romantiques lui inventèrent une légende noire et en firent la « passionnaria » des émeutiers. Une biographie à lire ici : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article32781

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