lundi 21 août 2023

La Via Aquitania (suite 2)

 

Sur la colline de la Cité, les légionnaires construisaient d’abord un castrum romain, un de leurs célèbres camps, protégeant dans la suite une ville commerciale moyenne, qualifiée en 77 de n. è. d’oppidum latinum, donc ville du droit latin, par Caius Plinius Secundus, Pline l’Ancien, procureur impérial (23-79 de n. è.) dans son Histoire naturelle. Par le rapport de l’Anonyme de Bordeaux, un pèlerin en route pour Jérusalem, nous savons que, en 333, Carcassonne est maintenant un castellum, donc entouré des remparts, dont nous trouvons toujours des éléments à la Cité.



Les fouilles archéologiques réalisées dans la Cité attestent de l’expansion et de planifications urbaines du plateau au début de l’Empire : on a trouvé plusieurs structures d’organisation urbaine bien distinctes. Il y avait mêmet un Amphithéâtre en bas de la colline (au III° siècle de n. è., la ville romaine s’étend non seulement sur la colline de la Cité mais aussi au pied de celle-ci, autour de la voie d’Aquitaine).



Reconstitution vraisemblable de Carcassonne vers 300 de n. è.

(LANGLOIS G . 2006)


Le castellum disposait des deux artères habituelles, cardo (axe nord-sud) et decumanus (voie orientée d'est en ouest). Ce dernier reliait dans un camp romain la Porta Praetoria (la plus proche de l'ennemi) à la porta decumana (la plus éloignée).

À la croisée du cardo et du decumanus de la Cité, on trouvait le forum avec un temple et des boutiques.

De nos jours, nous retrouvons encore deux des portes antiques : la Porte d’Avar, percée dans la courtine attenante de la tour d’Avar et l’autre cachée à côté de la tour Pinte dans la cour du Midi du château.



Une dalle de béton dans la cour d’honneur du château cache les vestiges d’une domus, maison de ville romaine, avec une belle mosaïque (I° siècle av. n. è.) :







Photo

F. CALVAYRAC


Des témoins de cette époque existent toujours dans l’entourage de Carcassonne concernant des villas, domaines ruraux, soit dans un nom, comme p.ex. CAZILHAC, Casiliacum, domaine de Casilius ou, comme à Montredon, dans les vestiges d’une villa remarquable (également du I° siècle av. n. è.). Devant cette villa, quasiment au sommet de la colline de Montredon, se dressait un tombeau monumental. Seuls de très rares monuments funéraires possèdent une crypte. Ils appartiennent à la catégorie des tombeaux-temples et se situent à l'est de la Méditerranée, notamment en Grèce où l'on répugnait à laisser les morts dans des réceptacles aériens. Ils sont généralement en grand appareil et datés, pour les plus anciens, de la période hellénistique. Ce mausolée est donc le seul connu en France à présenter une crypte construite en grand appareil, fait exceptionnel pour la partie occidentale de l'empire. Cette construction et le fait qu’elle était visible à partir de la Cité, nous laissent imaginer que cette villa appartenait à un général romain qui, en service, était passé par la Grèce et qui occupait plus tard un poste important dans la Cité…

dessin INRAP


Le premier nom d’un Carcassonnais que l’histoire a retenu, est celui de Caius Julius Niger.

Fils de Caius de la tribu des Volques, il fut incorporé dans l’armée romaine, comme beaucoup de soldats originaires de la région. Pendant 17 ans il servit dans la 2° légion d’Auguste (créée en 43 av. n. è.) jusqu’à sa mort à 45 ans sur les bords du Rhin (vers 40 de n. è.). Sa cippe funéraire fut trouvée en 1769 près de Mayence (Allemagne) ; vous en trouverez un moulage au château de la Cité.


Et la vie à Carcassonne suit son cours sous la domination et l’administration romaine jusqu’à la relève par les Wisigoths, qui, après la mise à sac de Rome en 410 av. n. è., s’emparent de la Gaule narbonnaise et aquitaine. Entre 413 et 435 Carcassonne était parfois occupée par l’armée romaine et ^parfois par celle des Wisigoths. À la suite d’un traité de paix signé entre l’Empereur Valentinien III et le roi Wisigoth Théodoric Ier, Carcassonne tomba sous le contrôle des Wisigoths vers 439. La ville devint alors l’une des cités de la Septimanie wisigothique.


Jean-Pierre OPPINGER


Sources :

- PASSELAC M., Carcassonne Romaine, SESA Tome XCIX, 1999

-- Carcassonne au Bas Empire romain | Paratge (wordpress.com)


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